La vie d'avant (1)
Datte: 08/09/2018,
Catégories:
Erotique,
Là-haut ! La taloche que je viens de prendre m’a marqué la joue d’une rougeur passagère. Mon père ne rigole pas avec ça. Je suis rentrée avec ma robe salie de m’être trop couchée dans l’herbe. À trop guigner les bestioles dans les champs avec Anicet... -Qu’est-ce que tu as encore fichu ? Regarde-moi dans quel état tu rentres ! Toujours à traîner avec le fils des voisins. C’est un bon à rien, tout juste capable de faire des bêtises. -Mais papa... -Il n’y a pas a de mais qui tienne, Ariane. File aider ta mère à la cuisine ! -oooOOooo- Ces souvenirs remontent en grappes, comme des images perdues, un flot de sensations étranges. Papa... Albert, de la vieille école, toujours à avoir peur de tout et de rien... surtout pour moi son unique fille. Je fouille dans les tiroirs de ces meubles que longtemps j’ai astiqué, avec comme du respect pour ces armoires hors d’âge, hors du temps. La maison sera vide bientôt et c’est étrange comme chaque recoin, le moindre endroit de celle-ci recèle comme un petit bonheur. Là, le confiturier... avec ses pots alignés, vides depuis longtemps, mais il me semble que la gelée translucide de pommes sauvages ou de coins y est encore bien visible. Ma mère Maria est partie depuis bien longtemps, je ne veux plus faire le compte. Mon père l’a rejointe depuis quelques mois et je fais un tri nécessaire dans cet univers familier. Chaque objet, chaque chose, tout me ramène à une période heureuse de ma vie. Je tiens dans les mains le chiffon à fleurs roses qui ...
... m’habillait ce soir-là et j’ai comme l’impression que ma joue me brûle. Une multitude de souvenirs affluent en rangs serrés, des odeurs aussi. Celle du foin, celle de cette herbe séchée que j’adorais. Que je n’ai jamais cessé d’aimer finalement. Puis il y avait... Anicet... le gamin espiègle, mon presque frère ! Celui avec qui... un brin de nostalgie qui me monte aux mes yeux, alors que la robe finit sa course dans un sac. Démodée, comme tout ce qui m’entoure, oui vieillot, mais c’est un peu cela... nos souvenirs : Des images qui reviennent d’un passé proche ou lointain, parfois en ordre dispersé. Je décroche un cadre, celui qui contient ma photo. Celle de la remise de mon diplôme. Accrochée aux bras de mes parents, on y lit la fierté de ces deux-là. Dix ans déjà. Puis il y a autour de moi, ce grand silence. J’aurais presque envie de... c’est idiot comme pensée. Oui j’ai comme le sentiment que si j’allais me coucher dans le pré, face à la maison... une paille à la main, une verrine dans l’autre... Titiller dans un trou du sol un cricri, me ramènerait en arrière ? Au temps de ce bonheur, qui s’enfuit morceau par morceau ? Tu dois rire papa, tu dois te marrer de là-haut, avec maman. Et puis tu sais sans doute aussi qu’Anicet, il n’en avait rien à faire de ta gamine. Lui il courait les filles, et à ses yeux... je n’étais rien d’autre que sa « frangine ». Celle à qui il venait parler de toutes ses petites misères, de ses conquêtes aussi. Je suis passée à côté de quelque chose ...