La vie d'avant (1)
Datte: 08/09/2018,
Catégories:
Erotique,
... d’important ? Je ne saurai jamais si la vie aurait été différente. Mais voilà, dans quelques mois j’aurai trente-cinq ans et je suis plus seule que jamais. Bien peu d’hommes bien entendu ont traversé le ciel de mon lit, l’espace d’un moment, l’espace d’un instant. Aucun ne m’a donné l’envie de le garder plus de quelques heures, pas un seul ne m’a donné l’envie de lui donner ce que je t’aurais offert, aucun n’avait ton attrait Anicet. Qu’est-il devenu lui ? Je n’en sais rien, et la vie a fait son œuvre. L’armée pour lui, les études pour moi, tout a contribué à nous engager sur des voies divergentes. Mes yeux me piquent alors que je tente encore d’entasser mon histoire dans des sacs... Un à un les souvenirs quittent les tiroirs. Ceux des meubles anciens comme ceux de ma mémoire. Ils traînent avec eux des relents de nostalgie, des brides de tristesse. Je ne conserve que deux ou trois bricoles, des photographies et j’en trouve une d’Anicet. Pourquoi est-elle là, dans ce carnet de mon père ? Je n’en sais rien. Les lignes noires tracées de la main de papa... encore une gifle du destin, encore un point qui me frappe le cœur plus que sa baffe d’antan. Je ne veux rien lire de ces notes... de ce cèpe trouvé ici ou là, de ces annotations diverses qu’il portait sur des choses anodines. Une vieille lettre à l’enveloppe jaunie, une médaille de sa guerre... des détails saugrenus, des fragments de vie que finalement je ne connais que partiellement. Cette maison renferme bien des secrets... ...
... et en ouvrir certains pourrait me faire encore plus mal. Je reste là devant un amas de sachets, dont je ne sais que faire. Les déposer à « l’Abri * » ou les jeter ? Je danse d’un pied sur l’autre, hésitante. Dilemme cruel ! — oooOOooo — Je t’ai laissé perché sur ton arbre. Les cerises du père Vauthier, nous les maraudons. Je ne monte pas sur les branches. Je suis en robe et n’ai aucune envie de la déchirer. Tu ne parles plus depuis un bon moment. Sans doute que l’annonce de mon départ pour la ville, le pensionnat et ma vie scolaire oblige, tout cela te crispe les nerfs. Tu ne sais plus à qui tu vas pouvoir confier tes secrets. À Sophie la jeune rouquine « des Arpents » ? Non, celle-là tu aimerais juste la caresser, la humer. Tu te poses, et par extension tu me poses à moi mille questions sur les rousses. Je suis bien incapable de te répondre. Comment veux-tu que je sache si ces filles aux chevelures de feu ont vraiment une odeur particulière ? Quand je te demande qui t’a fourré cette idée dans le crâne, tu te contentes de hausser les épaules. Tu es un mufle, un salaud. Tu me racontes comment avec la fille de Ginette... tu as fait... je ne veux rien savoir. Mais on dirait quelque part que ça te fait du bien de me faire mal. Pourquoi est-ce que j’ai ce point, ce creux en moi ? Je souris, je rigole, mais le cœur n’y est pas. Pourtant, de ta désinvolture ressortent des gestes tendres. Comme ces cerises qui deux à deux forment des pendants d’oreilles que tu poses sur les miennes ...