1. Rhapsody in blue - Troisième partie


    Datte: 07/10/2018, Catégories: fh, regrets,

    - Dialogues - Cris. Eau qui coule des narines. Eau dans les oreilles. Eau partout. Je remonte à la surface, les cheveux dégoulinant sur le visage, et les écarte d’un geste maladroit. Heureusement, il n’y a pas trop de monde dans la piscine. À bien y regarder, une piscine genevoise ressemble fortement à la piscine de ma petite ville natale. Bon d’accord, elle est plus grande, il y a un peu plus de gens louches et de nationalités diverses, c’est aussi un peu (beaucoup) plus cher. Mais l’odeur de chlore, les couloirs surchauffés des cabines, la douche brûlante et le contact froid du maillot de bain, tout ça, c’est universel, apparemment. Un coup d’œil sur la pendule accrochée à l’entrée de la piscine me confirme qu’il est bientôt onze heures, et par conséquent, bientôt l’heure de rentrer. Tu m’as dit que tu viendrais déjeuner avec moi vers midi, afin de repartir travailler à l’Université le plus tôt possible. De cette manière, nous pourrons plus facilement sortir ce soir. Youpi. Je laisse alors mes pensées vagabonder sur toi, revivant par le souvenir la douceur de ta peau contre mon corps, l’odeur charnelle de notre étreinte de la veille, les sensations que tu m’as fait éprouver jusqu’au plus profond de mon être ; sensations éphémères mais ô combien délicieuses ! Soudain, raz-de-marée énorme et imprévisible. Pendant une seconde, ce que je prends pour un type – mais rien n’est moins sûr, avec les lunettes de plongée noires et bleues, le pince-nez et le bonnet de plastique sur le ...
    ... crâne, n’importe qui aurait l’air de n’importe quoi ! – menace soudain ma rêverie (et ma vie) par un crawl puissant. Je disparais brièvement sous la surface, et en ressors en toussant et crachant. Par bonheur, j’ai pied. Mabrasse ondoyante m’apparaît soudain minable voire lamentable, à côté de ce crawl viril… Immobile au milieu de la piscine, j’écarquille mes yeux rougis pour identifier celui qui a fendu l’eau comme Moïse devant la Mer Rouge. Le tueur est déjà à l’autre bout du bassin. Puis soudain je me souviens du jour où toi et moi nous avons pique-niqué, et où j’ai piqué un délire en songeant au doigt de Dieu et au châtiment divin. J’imagine soudain ce doigt sacré pointé sur moi une minute auparavant. Et à l’idée que je puisse avoir été punie d’une bonne rasade d’eau pour avoir eu des pensées vicieuses, j’éclate de rire sans me préoccuper des regards curieux qui se portent sur moi. À petits travers, petites punitions ! Tu n’es pas là. Un mot sur la table m’indique que tu es passé me prévenir que tu dois travailler cet après-midi. Je pars donc en balade une nouvelle fois. Mon portable sonne soudain… Je suis tombée comme une mouche en revenant de mon périple. J’ai dû m’allonger un moment, les jambes rompues, et je me suis même endormie quelques minutes. En me réveillant, j’écumais toujours de rage. Ma conversation avec ma sœur, qui m’a appelée sur mon portable, m’était complètement sortie de l’esprit pendant que je me promenais dans Genève, mais en revenant dans le studio, ...
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