1. Rhapsody in blue - Troisième partie


    Datte: 07/10/2018, Catégories: fh, regrets,

    ... les maintient dans leur état stupide de bêtes programmées à se faire bouffer par l’homme. Me faire bouffer par les autres devient une absurde routine. Pourquoi m’étonner alors de me sentir totalement hors de moi ? A force de se laisser avaler comme une vulgaire bête de somme, j’ai peut-être fini par me perdre dans l’estomac de ces vampires aux dents longues. Qui suis-je réellement ? Qu’est-ce que j’attends de la vie, de moi ? Qu’est-ce que j’attends de toi ? Et comment puis-je changer ? Je sais maintenant, dans une conviction insolente et cynique, que jamais je n’ai cherché à te retrouvertoi, mon pauvre Michael. J’ai sans doute voulu me débarrasser inconsciemment de cet autre qui trône au-dessus de moi comme un squatter impénitent, et dont je n’ai plus besoin à présent, je le sens bien. Ce n’est pas toi qui es un étranger, mais moi qui suis une étrangère. Ce n’est pas toi que je voulais retrouver, mais moi. Seulementmoi, Mike. Car sans doute est-ce dans tes bras que je me suis perdue une première fois, il y a longtemps. Je retiens mon souffle, les yeux fixés au plafond, soudain frappée par cette idée aux allures d’évidence. Alors que rien n’a jamais été évident avec toi. To be or not to be, that is not the question. The question ishow to be. C’est donc ça, la réponse dupour quoi faire pour qui. Répondre « pour moi » et continuer sur ma lancée. Ce que je dois faire, c’est reprendre les rênes de ma vie, tout simplement. Simplement ? J’ai juste le temps de sentir une présence ...
    ... avant qu’un de mes écouteurs ne soit arraché de mon oreille. Je sursaute, pousse un cri, et croise ton regard amusé. – Je crois que tu as poussé le volume un peu trop fort, dis-tu, ironique. Je te regarde fixement, tout en arrêtant le CD qui poursuivait sa folle course dans mon lecteur portable. – Salut Mickey Mouse. Bonne journée ? Tu fais la grimace. – Si on veut. Tu t’es promenée ? – Yes. Tu rentres tôt, il n’est que six heures. – Je peux repartir si ça te dérange, réponds-tu avec malice. Je hausse les épaules et m’assieds sur le lit où je m’étais étendue pour écouter de la musique et finir mon livre. Livre que je repose la tranche ouverte, avec un soupir. Ce n’est pas encore maintenant que j’aurai le temps de le terminer. Il me restera les trois heures de TGV qui me ramèneront vers Paris, demain soir. Je me tourne vers toi. Allongé à côté de moi, les bras croisés derrière la tête, tu m’observes d’un œil indolent. Je constate alors que tu as gardé ta veste et tes chaussures. – Peut-être que c’esttoi qui as envie de repartir, fis-je, gagnée par l’amusement à mon tour. Dans un rire, tu caresses d’un doigt léger la courbe lisse de mon bras nu, puis te redresses à moitié et enlèves ta veste. C’est alors que je sens le parfum agréable de ton eau de toilette. Tout ton corps dégage décidément une odeur qui m’excite terriblement ; pas parce que j’ai perpétuellement envie de faire l’amour, mais plutôt parce que les moments où je suis au plus près de toi et donc de ton odeur, ce sont ...
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