1. Rhapsody in blue - Troisième partie


    Datte: 07/10/2018, Catégories: fh, regrets,

    ... le plus nul dans cette histoire, c’est que justement je la connaissais déjà, cette histoire ! Je savais qu’elle se passerait ainsi, je savais que ma moralité reviendrait au pas de course, que je serais bientôt ensevelie par les pelletées de remords qui ne manqueraient pas de pleuvoir dans mon cœur refroidi. Refroidi. Refroidi ! Je brûle, plutôt. Je brûle de honte, d’écœurement, et de tout ce que l’on nomme communément du sentiment de pénitence. Savoir que j’ai fait une mauvaise action, me repentir jusqu’à plus soif, attendre le châtiment, et enfin, fin du fin, le blanchiment de toutes mes fautes, la réhabilitation de mon être ébranlé par mes excès stupides, l’absolution, en un mot ! Terme tout à fait singulier venant d’une créature abandonnée de Dieu. Tout a commencé lorsque j’ai cru pouvoir venir ici et t’aimer comme un ami. Car oui, exactement, le problème réside particulièrement dans ces termes :t’aimer comme un ami. Rien ne s’est passé comme je l’aurais souhaité. Pire, je me suis rendu compte que je ne t’aimais pas. Danger, a dû crier ma tête ! Qu’aurait fait une autre en découvrant cette pitoyable constatation ? Sûrement pas coucher avec toi, Michael ! Mais mon esprit est résolument séparé de mon corps, puisque je n’ai pas écouté la voix sage de la raison. Que personne ne vienne me parler de l’union de l’âme et du corps, pouah, quelle imposture, j’en cracherais presque. Parce que les deux sont forcés de vivre ensemble dans la même nature corporelle, on s’imagine qu’ils ...
    ... coïncident ensemble. Mais moi, je le sais bien, que cette union est à la fois aléatoire et maligne. J’ai foncé, tête baissée, convaincue de mon bon droit, de mon pouvoir, et de mon innocence. J’ai foncé et j’ai tapé droit dans le mur. Je suis maintenant ensanglantée de ce choc contre toi, de ces sensations que j’éprouve pour toi, et de ces sentiments que j’aurais dû avoir, pour au moins justifier que je me jette dans tes bras comme une parfaite idiote. Précisément, c’est ce que tout le monde attendait de mon voyage, que je retombe dans ces pièges pourtant connus de moi ! Et imbécile que je suis, au lieu de prouver que je ne suis pas ce qu’ils croyaient, j’ai fait exactement ce qu’ils pensaient que je ferais. La femme a la bêtise de toujours croire qu’elle peut réussir là où tous ont échoué. J’ai cru pouvoir te consoler, et en même temps, panser mes blessures, alors que rien n’y était parvenu, jusqu’ici. Ni pour moi, ni pour toi. Mais voilà, je suis vide. Vide de tout sentiment amoureux, vide de toute passion, vide de toute logique. Ce qui explique sans doute le regard proche de la débilité que j’ai dû porter sur l’avancement de notre affaire. J’ai vu arriver la catastrophe avec une passivité que je compare aujourd’hui à l’inertie patiente des bovidés. En me regardant dans le miroir, je pourrais presque distinguer le même regard fixe et impavide, ces ruminations intérieures si semblables aux mastications sans fin de ces animaux flegmatiques, et enfin, leur torpeur invisible qui ...
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