1. Rhapsody in blue - Troisième partie


    Datte: 07/10/2018, Catégories: fh, regrets,

    ... certitudes, de cette nouvelle confiance, que j’avais mis si longtemps à reconstruire. Je m’apprêtais à vivre un nouveau départ dans la vie ; il m’a fauché l’herbe sous le pied. Et je suis tombée. Le simple effort qui consistait à me relever a été une étape douloureuse qui a souvent tourné court, par la suite. La simple certitude de vivre résultait d’une concentration implacable et quotidienne, où chaque moment devait être apprécié à sa juste valeur ; car sinon, l’effort retombait à plat. Il suffisait d’un seul instant de découragement pour que chaque moment suivant devienne un obstacle de plus en plus haut, de plus en plus difficile à franchir. À chaque chute, après chaque moment d’abattement, il fallait tout recommencer. Repartir à zéro. Il fallait se relever, fermer les yeux et sentir le vent sur son visage, se persuader d’être en vie, se persuader d’être heureuse de l’être, se persuader que l’avenir serait bien meilleur. L’avenir n’était plus un mot, c’était l’horizon. Inaccessible, et pourtant, si proche. Ce n’était pas une simple promesse. Mais le facteur nécessaire de réussite. Le but à atteindre. La raison de vivre. – Je crois que je le déteste, ajouté-je après un long silence songeur. – Moi, je ne la déteste pas. Elle ne m’aimait plus. Personne n’y pouvait rien. On ne contrôle pas ce genre de choses. Elle ne voulait pas me faire de mal. – Peut-être qu’ils ne veulent pas faire de mal, oui. Mais pour moi, c’est fini. Je ne crois plus en l’amour, voilà tout. – Eva, il ...
    ... ne faut pas dire ça, murmures-tu en me regardant jusqu’au fond des yeux. Une fois que le cœur s’est ouvert à l’amour, il ne peut plus jamais se fermer à l’amour. – Tu as l’air bien sûr de toi, Mike, et pourtant c’est toi qui ne cesses de répéter que tu ne peux plus aimer. – Oui… je sais… c’est vrai, pour l’instant. – Tu crois que c’est une étape, alors ? Moi, je n’en suis pas si sûre. – Tu es jeune. Tu retrouveras quelqu’un. – Parce que toi, tu es vieux, maintenant ? Tu me serres plus fort contre toi, et ne réponds rien. Mais j’insiste : – Tu crois que tu ne trouveras personne, toi ? – Je n’ai pas dit ça. Mais je suis resté si longtemps avec elle… je n’ai pas envie de me tromper, la prochaine fois. – C’est ce que je me suis dit à chaque fois. Tu connais la suite… Tu fronces les sourcils. – On dirait que ça t’arrange bien de ne plus croire en rien, Eva. – M’arranger ? Non. Je crois en des choses. L’amour m’a abandonné, c’est tout. – Et si c’était toi qui l’avais abandonné ? Quand on a perdu la foi, tout nous semble insurmontable. – Mike, serais-tu philosophe, toi aussi ? Mais moi, je ne demandais rien à personne quand je suis tombée amoureuse. Et j’y croyais avant que l’on me brise le cœur. Quelques minutes s’écoulent dans le plus grand silence. – Est-ce que je t’ai brisé le cœur ? finis-tu par demander d’un air contrit. – Oui, réponds-je après une courte hésitation. – Alors il faut croire en toi, maintenant. En toi, Eva. Seulement en toi. Je ne vois rien à ajouter. Alors que ...