Rhapsody in blue - Troisième partie
Datte: 07/10/2018,
Catégories:
fh,
regrets,
... nous nous apprêtons à sortir, je remarque soudain un éclat étrange sur l’immeuble d’en face. En regardant mieux, j’étouffe un fou rire ; sur le balcon, le type est là, mais armé de jumelles, cette fois… Tu me regardes sans comprendre. Nous retrouvons Lisa devant le restaurant, à dix minutes de chez toi. Elle m’embrasse sur les deux joues avec un sourire comparable à un éblouissant soleil, et m’entraîne par la main en discutant boutique. En nous asseyant à une table – la seule de libre dans tout le restaurant – je croise ton regard, un regard que je qualifierais de narquois. Nous commandons une fondue pour trois et grignotons des miches de pain en attendant le plat. Le restaurant est bondé, il y a un raffut effroyable. – Tu es déjà venu ici ? te demandé-je. – Non, jamais, mais on m’en a dit du bien. – Quand est-ce que tu pars, Eva ? intervient Lisa. Je lui réponds que je pars demain soir. Elle me demande alors si le voyage est long. Je dis qu’il dure un peu plus de trois heures, que j’arriverai tard chez ma tante, à Paris, et que j’y passerai quelques jours de vacances. – C’est super d’avoir de la famille là-bas. J’adorerais aller à Paris. J’ai vécu en France un petit moment, quand j’étais jeune. Apparemment, ça vous fait encore un point de commun, à toi et à Lisa. – Jeune ? insisté-je. – Enfin, quand j’étais petite. Je lui demande son âge, et il s’avère qu’elle a le même que moi. Tu nous observes sans rien dire, un vague sourire de connivence aux lèvres. – Mais j’aime ...
... beaucoup Genève. Ici, je peux prendre des cours de jazz très intéressants, écouter tous les concerts que je veux, aller à l’Université sans habiter trop loin de mes parents, rencontrer plein de gens… Son regard dérive imperceptiblement vers toi, et je reste stoïque. – Genève est parfaite pour la musique et la culture, renchéris-tu avec enthousiasme. – Oui, bien sûr, je comprends, conclus-je, d’un ton aussi neutre que possible. La conversation glisse alors sur le jazz, et comme je n’ai pas encore fait mes armes en ce domaine, vous me larguez facilement. J’aime, j’adore le jazz. Mais que voulez-vous dire dans une conversation de ce genre, lorsque vous êtes incapable de vous souvenir de vos chanteurs ou de vos titres préférés ? Mon silence finit par t’inquiéter. Tu me demandes si ça va d’un air faussement négligé. – Bien sûr, dis-je, un peu étonnée. Je ne dis rien parce que vous avez plus de culture que moi, et je préfère écouter. Ne te préoccupe pas de moi… Le regard que tu me jettes alors en dit long sur ton prétendu « plus de culture que moi ». Oui, n’est-ce pas que c’est incroyable, cette façon que j’ai de constamment me dévaloriser à tes yeux… Comme si l’opinion que tu as de moi m’importait peu ; alors que c’est tout le contraire. Disons plutôt que c’était important, il y a longtemps. Je fronce les sourcils. Il me semble que quelque chose d’important se cache sous cette idée, mais j’ai beau réfléchir intensément durant de longues secondes, la lumière ne vient pas. Nous commandons ...