1. Rhapsody in blue - Troisième partie


    Datte: 07/10/2018, Catégories: fh, regrets,

    ... les moments où nous faisons l’amour. Forcément, je l’associe à l’érotisme. Qui me lancera la première pierre ? J’enlève mon autre écouteur de mon oreille, et me couche près de toi, passant un bras à travers ta poitrine. – Où es-tu allée ? demandes-tu d’une voix un peu somnolente. – Aucune idée. J’ai déambulé. Je me suis arrêtée dans un café hyperchic, mais impossible de m’en rappeler le nom. J’ai visité un musée de peinture moderne, et découvert que je n’aimais que moyennement l’art abstrait. Si on peut encore appeler ça de l’art, évidemment. Je préfère de loin l’impressionnisme. Un rire silencieux te secoue, puis tu te tournes vers moi et me prends dans tes bras. Bercée dans cette douce étreinte, j’entends ton cœur battre en cadence avec le mien. Là, serrée et au chaud, j’ai toujours l’impression fugitive d’être chez moi. Mais il ne faut pas s’abandonner à ces illusions qui ne sont, à vrai dire, que charnelles. Vivre avec toi me met incontestablement trop mal à l’aise pour que tu sois vraiment ce prince charmant que j’ai envie de rencontrer un jour. – Quelque chose m’a surprise, continué-je d’une voix étouffée. Tu vois le monument Brunswick, sur la rive gauche ? Tu sais, là où il y a une statue d’un type mort, petit et chauve. Eh bien, il y avait un graffiti dessus ! Noir sur blanc, si tu vois ce que je veux dire. Cette ville est propre, je trouve, alors ça m’a étonnée. Mais ce qui était le plus étonnant, c’était ce qu’il y était écrit. – Qu’est-ce qui était écrit ? – « NO ...
    ... WAR ». Tu ne trouves pas ça étrange, dans un pays qui se vante sans cesse de sa neutralité ? Inutile de préciser que ce graffiti condamne l’imminence de la guerre que le président américain veut lancer contre l’Irak. – Oh. Je ne crois pas qu’il faut toujours penser aux Suisses comme neutres. C’est le gouvernement qui l’est, ou qui fait semblant de l’être, car c’est toujours très difficile de ne pas avoir d’opinion lorsqu’un conflit éclate. On ne peut pas s’empêcher d’avoir un jugement sur ça. – Hmm. Alors ça veut dire que la neutralité, c’est plus une nécessité économico-politique qu’un état d’esprit ? – Sans doute. – Je n’aime pas l’hypocrisie de ce pays. Qui se revendique neutre vis à vis des guerres, et donc des tueries. On doit toujours juger une guerre pour ce qu’elle est, une tuerie. Une tuerie d’innocents ou de coupables, là n’est pas vraiment le problème. Le problème avec la guerre, c’est qu’elle détruit la vie, de quelque manière que l’on puisse la pratiquer. Je crois qu’il faut toujours condamner ce qui tue la vie. Et honnêtement, « l’axe du Mal » est une idée qui relève plus de l’idéologie que de la réalité. La réalité, c’est que le mal est partout. Partout dans le monde, et partout parce qu’il est en chacun de nous. – Tu crois que nous sommes tous mauvais ? demandes-tu alors. – Non, je n’ai pas dit ça. Je crois que nous avons tous une part de bien et une part de mal en nous. – C’est la philosophe qui parle. – C’est un être humain qui parle. Et toi, tu es pour cette ...
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