Le baume de l'âme (1)
Datte: 09/10/2018,
Catégories:
Divers,
Ce départ avait, pour Marjorie été comme un véritable cataclysme, un raz de marée dans sa vie. Elle savait pourtant que ce serait inéluctable, que cette fin se rapprochait de jour en jour. Mais rien ne pouvait les premiers temps lui faire oublier. Et depuis quatre mois que Yann était, ce qu’elle nommait pudiquement, parti, elle avait repris un peu ses esprits. A trente-sept ans elle était encore jolie et les hommes pouvaient encore s’intéresser à elle. Mais son attitude, ses façons de ne s’occuper de personne les rebutaient sans aucun doute. Les jours, puis les semaines avaient fini par faire des mois et le cours de son existence était redevenu, sinon normal, du moins bien plus rangé. Les souvenirs étaient toujours là, mais la douleur, elle, se diluait dans un soleil de mai qui réchauffait la terre autour de la maison. Les fleurs et le jardin retenaient toutes ses attentions et mon dieu, Yann avait bien su gérer leurs affaires. Elle n’était sur le plan financier, pas malheureuse. — oooOOooo — Après un repas pris sur le pouce, elle avait décidé d’arracher les mauvaises herbes qui poussaient toujours mieux que les bonnes, dans tous les potagers du monde comme dans le sien, c’était bien connu. Elle passait une paire de gants dans l’atelier où les outils étaient tous réunis, quand la sonnette de la porte d’entrée se mit à carillonner. Surprise, elle se dit que c’était sans doute encore des gamins facétieux qui devaient jouer sur la route, tout au-dessus du chalet. Elle ne ...
... bougea donc pas, mais le doigt qui appuyait sur le bouton devenait insistant. Qui pouvait bien venir à une pareille heure, un jour de week-end ? Elle reposa les gants, et se dirigea vers le portail à quelque cinquante mètres plus haut. Un homme se tenait là. Elle ne connaissait pas le jeune qui attendait sur le trottoir. Pourtant, sa tête ne lui paraissait pas si inconnue. Un court instant elle se demanda où elle avait bien pu croiser ce gaillard qui maintenant avait dû l’entendre puis la voir arriver. Il ne bougeait plus, regardant seulement la femme brune qui montait la pente assez raide menant vers lui. Des cheveux bouclés, des yeux d’un bleu acier, et une peau claire, non décidément ce type, elle l’avait forcément déjà rencontré quelque part. — Bonjour ! Vous vouliez me voir ? — Bonjour ! Vous êtes madame Sarran ? Marjorie Sarran ? — Ça m’en a tout l’air oui. Et vous ? Qui êtes-vous ? — C’est une longue histoire. Vous ne voulez pas me faire entrer ? Ça risque d’être long, il faut que je vous parle. — Aujourd’hui ? C’est urgent à ce point ? Et puis je ne sais pas qui vous êtes. Je ne fais pas entrer les inconnus chez moi. — Mon visage ne vous rappelle pas quelqu’un ? — Franchement ? Je ne sais pas. J’ai eu cette impression bizarre dès que je vous ai aperçu, mais… non, je ne vois pas. — Si vous voulez, nous pouvons en parler… ou convenir d’un rendez-vous un autre jour, en semaine peut-être ? Vous avez l’air occupée et je peux revenir, mais c’est très important pour moi. — Oui, ...