1. Le café de ma rue (1)


    Datte: 21/10/2018, Catégories: Partouze / Groupe

    Il y avait dans ma rue un café qui faisait l’angle avec le grand boulevard. J’allais dans ce café tous les matins ou presque, et il y avait plusieurs raisons à cela. Premièrement, et ce n’est pas la moindre des raisons, j’aimais leurs cafés. Un vrai café, pas un jus de chaussette américain aromatisé. Deuxièmement, vu son emplacement, il me permettait d’observer la vie à travers la baie vitrée, et cela servait parfois d’inspiration à mon métier d’écrivain. Et troisièmement, le patron, un homme que je n’avais vu qu’une ou deux fois, avait choisi deux filles pour tenir la boutique, chacune étant plus ravissante que l’autre. Peut-être étaient-ce ces deux-là qui m’inspiraient le plus, à vrai dire. Il y avait d’abord Laure. Une grande blonde, élancée, fine. Les cheveux arrivant aux épaules et souvent attachés en queue-de-cheval, et des yeux bleus, un bleu clair, limpide. Et puis il y avait Sophie. Plus petite en taille, plus pulpeuse également. Ses yeux verts, son teint mat et ses cheveux ondulés me laissaient deviner un métissage méditerranéen. Elles étaient toutes deux complémentaires. Laure s’occupait plutôt du service, et Sophie de la caisse. Elles avaient l’air d’être proches l’une de l’autre, peut-être même amies, ce qui rajoutait un peu de chaleur à l’établissement. L’histoire que je vais vous raconter s’est déroulée en hiver. Je venais dans ce café quotidiennement depuis plusieurs mois déjà, et aussi bien Laure que Sophie me connaissaient, ou plutôt me reconnaissaient. ...
    ... Nous échangions parfois quelques mots en plus des politesses habituelles, mais nos conversations n’allaient pas plus loin. Je me mettais dans un coin, proche de la baie vitrée, commandais un café, puis souvent un deuxième, et j’écrivais des bouts d’idée sur des bouts de papier. C’est Laure, en m’apportant mon café, qui a enclenché la conversation la première. — Je suis un peu curieuse, désolée, avait-elle dit. Je vous vois écrire tous les matins à la même place. Vous êtes écrivain ? — Disons que j’essaie de l’être. J’étais resté vague, ma profession était plus complexe et ne se résumait pas à simplement «écrire des livres», mais je n’avais pas envie de l’embêter avec tout ça. Je lui ai simplement expliqué qu’effectivement, je travaillais sur l’écriture d’un recueil de nouvelles. Je ne sais pas si c’était par pure politesse, mais elle a eu l’air intéressée, et je lui ai promis de lui en fournir un exemplaire si jamais j’arrivais à le faire éditer. Les jours suivants, Laure continuait de me questionner, sans jamais être envahissante pour autant, sur l’écriture de mon bouquin. — De quoi ça parlera ? m’a-t-elle demandé en posant la tasse de café là où je n’avais pas encore trop étalé de papiers. — Eh bien... principalement des relations humaines, de notre place dans la société, de comment tout ça s’accorde... — Vaste sujet. Pas faux. C’était sûrement pour cela que cela prenait autant de temps. Le matin suivant, Laure m’a, encore et toujours, apporté ma tasse de café à la même table. ...
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