Alors une femme
Datte: 13/11/2018,
Catégories:
nonéro,
mélo,
portrait,
... qu’elle était morte. Elle laissait un fils. Mon fils… Je n’en revenais toujours pas de le voir respirer les roses. Qu’avais-je imaginé ? Un malfaiteur retiré des affaires vivant dans l’ombre, méfiant, une arme sous son oreiller ? — J’ai vécu intensément, dit-il, amassé tant d’expérience qu’il me paraît parfois avoir vécu plusieurs existences. Pouvez-vous comprendre cela ?— Bien sûr.— J’ai envie de transmettre ce que j’ai appris. Et puis… j’aimerais, en partant, savoir que quelqu’un restera qui réalisera peut-être certains de mes rêves. Il soupira : — C’est tellement court, une vie…— Comment s’appelle-t-il ?— Paul. Je lui enseigne tout ce que je sais. À mes débuts, j’ai dû apprendre seul la vie. Lui se lancera dans la Grande Aventure avec un solide bagage. Vous avez été autrefois le chroniqueur de ma vie aventureuse, mon cher Jean…— De la partie de cette vie dont vous avez bien voulu me faire confidence, ai-je rectifié.— Eh bien, l’Aventure va continuer avec Paul. Il a souri : — Je ne voudrais pas, en prenant ma retraite, vous priver de votre gagne-pain. Il regarda sa montre. — Paul ne va pas tarder à rentrer. Comme il prononçait ces mots, le garçon apparut au bout du chemin. Il rangea sa bicyclette sous l’auvent et s’avança dans notre direction. — Bonjour, papa. Bonjour, monsieur De Sordon.— Tu as passé une bonne journée, fils ?— Oui, papa. J’ai pratiqué le tir avec monsieur Le Goff et nous avons enchaîné avec une leçon de Droit. J’étais impressionné. — Vous lui apprenez ...
... le Droit ?— Bien sûr, répondit l’Aventurier. Pour tourner les lois, il faut les connaître. Si j’avais eu une telle formation lorsque j’étais jeune… Et après, fils ?— Musculation et lutte. Monsieur Fauré est très content de moi et il veut que je participe à un concours, à la fin de l’année. Je peux, papa ?— Bien sûr, fils. Le visage du jeune Paul devint soucieux. — Le vieux Peillon nous déteste toujours autant. Tout à l’heure encore lorsque je suis passé sur le chemin, il était derrière la haie, faisant mine de nettoyer un fusil. Pas besoin de sortir des grandes écoles pour comprendre la menace…— Qui est ce Peillon ? demandai-je.— Les Peillon vivent comme des sauvages dans la crasse de leur vieille maison, me répondit l’Aventurier. Depuis plusieurs générations, ils vivent et se reproduisent plus ou moins en circuit fermé. Ils sont complètement tarés. Ils espéraient acheter cette maison pour élargir leur domaine. Je les ai pris de vitesse et ils ne m’ont pas pardonné. Depuis, c’est la petite guerre : ils viennent la nuit casser les carreaux, ils barbouillent les portes avec de la peinture. Des bêtises. Jusqu’à présent, je n’ai volontairement pas réagi, espérant qu’ils se lasseraient. Mais visiblement, cette attitude n’est pas la bonne. Il évacua le problème d’un haussement d’épaules. — Tout cela se règlera en son temps. Si nous passions à table, mon cher ? Vous avez évoqué mes multiples talents dans vos articles mais, que je sache, vous n’avez jamais mentionné mon talent de ...