1. Alors une femme


    Datte: 13/11/2018, Catégories: nonéro, mélo, portrait,

    ... des cuisses bien rondes, les hanches pleines. Le soleil éclaboussait ses cheveux qui étaient d’un roux plus clair que celui de la majorité des gens du clan. Elle était différente, cela se devinait au premier regard. Paul pouvait imaginer, un peu, l’existence de l’enfant au sein la tribu. — Tu ne retourneras pas là-bas.— C’était bien mon intention : ne pas y retourner…— Ne dis pas de conneries.— Et j’irai où ? Ils ne me lâcheront pas.— Mon père saura ce qu’il faut faire. Elle se redressa sur ses coudes et le dévisagea avec stupéfaction : — Tu es Paul ? Ils te détestent, tu sais. Tu ne peux pas savoir comme ils te détestent… Elle ajouta, un ton plus bas : — Comme ils détestent tout ce qui est beau, tout ce qui est propre… L’Aventurier venait d’entendre le récit de son fils. Il observait la jeune fille. Qu’elle différât de sa tribu sautait aux yeux. Il apprécia son regard franc, qui ne se dérobait pas. L’Aventurier connaissait assez la vie pour deviner entre son fils et cette jeune fille à lui envoyée par le destin un lien naissant, ténu encore mais qui ne demandait qu’à forcir. Il aimait l’attitude de son fils et la mit à l’épreuve. — Tu sais que nous allons avoir toute la tribu sur le dos ?— Oui, papa.— Jusqu’ici ils se contentaient de nous empoisonner la vie mais là… c’est une véritable déclaration de guerre que tu leur adresses en ramenant Sandra. Tu en es conscient ? La décision de l’Aventurier était déjà prise, mais il souhaitait tester son fils. Ce dernier répondit selon ...
    ... ses espoirs. — Tu as reconnu toi-même, dit Paul, que nous devions « crever l’abcès », n’est-ce pas ? Il faut régler le conflit larvé avec la tribu Peillon. Eh bien, c’est l’occasion… L’Aventurier sourit. Dans ce sourire, il se défit, comme d’un manteau, de plusieurs années de paisible retraite. Il redevint l’homme dont le journaliste Jean de Sordon contait jadis, mois après mois, les aventures. — C’est bien, fils. Prenons donc à bras-le-corps le problème. La porte du jardin grinça sur ses gonds. Obliques, Daniel et Sébastien Peillon risquèrent leurs visages dans l’ouverture. Ces deux grands drôles, d’une vingtaine d’années, étaient de vraies terreurs au village : buveurs et prompts à la bagarre, violents même à jeun. Ils entrèrent et s’écartèrent. L’ancêtre, Claude Peillon, chef du clan, entra à son tour. Maigre, arborant une tête encadrée de cheveux blancs perchée de biais sur un cou de poulet, il possédait toute l’intelligence dont la plupart des membres de la tribu manquaient. Mais c’était une intelligence mauvaise, malveillante, habile surtout à saisir le côté négatif des êtres. Un homme dangereux, le véritable ennemi en fait. Le reste de la tribu n’était que chiffes molles. — Cela fait un bout de temps que j’étais curieux de vous rencontrer, pépia l’ancêtre.— Peut-être aurions-nous dû commencer par là, répondit l’Aventurier. Le vieillard se posa sur un banc de pierre. — Ne vous faites pas d’illusions : je n’ai pas pour habitude de négocier. Non, je n’ai jamais négocié. ...
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