Les heures perdues (1)
Datte: 18/11/2018,
Catégories:
Divers,
... surtout pas le décevoir. Maman, Arlette, elle c’est une femme au foyer. Ça veut dire qu’elle s’occupe de la maison, du jardin et d’un tas de choses que je ne connais qu’imparfaitement. Mais elle fait aussi le catéchisme aux jeunes en âge de passer leur communion, c’est dire que sa croix, elle la porte aussi en elle. Alors ce fameux vendredi soir, deux hommes me voient rentrer pour cette fin de semaine. Papa me couve des yeux et je sens, quand il me présente à son ami que sa voix chevrote un peu. Maman à mes côtés, aussi semble heureuse de voir sa famille ainsi réunie. Elle était plutôt réticente, au début, de me voir partir à « la grande ville » pour la faculté de droit. Bon, elle a fait contre mauvaise fortune bon cœur. — Eddy, voici l’amour de notre vie à Arlette et moi ! — Une belle jeune femme ! Elle a de beaux yeux, tu ne peux pas la renier Arlette ! Remarque, toi non plus Gaby ! C’est un mélange de vous deux. — Oui ! En plus elle est bien plus intelligente que nous. Un jour, elle sera quelqu’un notre Claude ! Hein Maman ! — Vous êtes fous vous deux… de parler de moi comme ça, avec un étranger. — Un étranger… mais ton père et moi, nous sommes comme les doigts de la main ma belle. Sans lui je ne serais pas revenu du Djebel… Alors c’est comme mon frère. Viens ici ma nièce, viens que je t’embrasse. Puis les deux hommes trinquent à nouveau. Et pour la première fois de ma vie, je vois mon père avec un petit coup dans le nez. Ça lui est déjà surement arrivé auparavant, mais je ...
... ne l’ai jamais vu, dans cet état. Et bizarrement je sens ce soir que quelque chose se passe en moi. Quoi ? Je ne saurais pas bien le définir, mais mon cœur frappe si fort dans ma poitrine. Et je sens mes jambes trembler, ces gambettes qui ne me portent plus. Sans doute aussi que le sang s’est retiré de mon visage. Seule maman a sans doute décelé mon trouble passager. — oooOOooo — J’ai donc dix-neuf ans depuis quelques mois et mon père vingt de plus que moi ! Cet Eddy est de la même classe et de ce fait doit donc avoir aussi trente-neuf balais. Mais il possède des yeux comme je n’en ai jamais vu, des muscles qui bougent sous le coton d’une chemise à carreaux. Et son rire… comme un soleil, tout droit sorti du fond de sa gorge, un soleil en mille éclats qui me brûle. Je n’arrive plus à détacher mes regards de ce gaillard qui tutoie tout le monde à la maison. Et un moment, j’ai la nette impression qu’un sorcier a débarqué chez nous. Dans ma petite chambre, mes cahiers ouverts sur mon bureau, il m’est impossible de me concentrer. La voix de cet Eddy me remonte dans les oreilles, s’infiltrant partout en moi, gardant sans cesse mon cerveau sur le sourire de ce type. Et je ne comprends rien de ce qui m’arrive. Mais pour lui, je ne suis rien d’autre qu’une gamine, et la fille de son copain, un handicap supplémentaire. Et mes idées se bousculent sous la nappe brune de ma tignasse. Mais qu’est-ce qui m’arrive ? J’en parlerais bien à maman, mais… bizarrement, quelque chose me retient de ...