1. Les heures perdues (1)


    Datte: 18/11/2018, Catégories: Divers,

    ... le faire. J’écoute sa voix, je bois ses paroles, je suis en extase. Je minaude aussi sous les yeux médusés de ma mère et mon père lui, ne s’aperçoit de rien. Il continue sur sa lancée. Les petits verres font les grandes ivresses. Papa est le plus saoul quand je vais me coucher, mais je sais que cet Eddy, va lui, dormir dans la chambre d’ami. J’en serais presque heureuse. Je cherche son regard, ne le trouve jamais, mais, mon Dieu, j’en suis déçue. Il aide maman à coucher mon père. Seule dans ma chambre, je ferme mes livres, oublies mes devoirs ! Aux oubliettes les révisions que j’ai prévu pour ce weekend. Je ne suis plus concentrée. Alors je me glisse dans mes draps en rêvassant de ces yeux étrangers. Je me dis que ça doit être cela l’amour. Mais… je finis par somnoler et la maison est plus calme. Qu’est-ce qui m’a réveillé ? Je ne sais pas vraiment si c’est un bruit ou mon esprit que me fait sursauter. Puis cette envie de me rendre aux toilettes… pressante, urgente. Je dois me lever ! Le couloir, sans lumière, j’en connais toutes les lames de parquets et évites celles qui grincent. Dans la chambre de mes parents, Gabriel ronfle. L’alcool sans doute prit à trop haute dose. Un moment je me demande comment maman peut dormir avec ce vacarme ! Un vrai tracteur, un soufflet de forge. Je ne veux pas m’éterniser davantage dans ce lieu, d’autant que mon besoin se fait plus impératif. Les toilettes sont là et quel bonheur. Un soulagement… je prends mon temps, ça fait du bien. L’idée de ...
    ... prendre un verre d’eau avant de retourner me coucher, je la maudirai longtemps. Pour la cuisine, je dois passer devant le salon. Celui-ci est encore éclairé. Maman a sans doute oublié d’éteindre la lampe. Mais plus j’approche et plus ça me semble étrange. Surtout de petits rires étouffés, comme si… je ne veux pas vraiment croire ce que j’entends. Ce n’est pas possible, je dois me tromper. J’avance encore d’un pas, sans me mettre dans le rayon de lumière qui atteint presque l’endroit où je me trouve. Elle est assise et cet Eddy la tient dans ses bras. Je ne peux pas, plus bouger, je suis scotchée par ce que mes yeux suivent. Elle, c’est elle qui embrasse ce type. Ce fameux copain de mon père, on ne peut pas avoir de meilleurs amis, quoi ! Ils s’embrassent et je vois tout cela comme dans un mauvais rêve. Le cauchemar dure un long, très long moment. Les mains de ma mère qui agrippent la caboche de ce… salaud. Et moi cruche de chez cruche qui ne bronche pas. J’ai honte ! Ce n’est pas vrai, pas possible ! Cette bassesse qui se déroule comme un film devant moi, ce n’est pas cela qui me fait déshonneur, c’est juste que… je l’envie. Je la jalouse presque de la voir se faire ainsi toucher et j’aimerais… sa place. Monstrueuse, je dois être monstrueuse, il n’est pas permis de réagir de la sorte. Mon ventre fait d’horribles gargouillis et une fraction de seconde je me dis qu’ils vont entendre ce raffut. C’est… dingue ! Ce que je reluque foule toutes les convenances, sort et m’éloigne de ...
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