1. Le temps des aveux


    Datte: 07/08/2017, Catégories: jeunes, couleurs, école, amour, init, exercice, confession, mélo,

    ... fait de me voir provoque sa souffrance… ou sa colère. De quoi suis-je coupable ? D’être ce que je suis ? Ma satanée identité ! Mon genre ? — C’est un drôle de prénom Axel… constate-t-elle un jour. Doublement bizarre…— La faute à mon père, lui expliqué-je. Je t’ai raconté qu’il a fait la campagne d’Afghanistan. Un jour, lors d’un accrochage avec les talibans, il a été blessé… sérieusement. C’est l’un de ses hommes qui l’a secouru et tiré d’affaire. Mais quelques jours plus tard, ce même soldat a sauté sur une mine alors qu’il patrouillait dans une zone pourtant réputée sans risque… Il n’a pas eu la chance de papa. Il est mort. Il s’appelait Axel…— C’est pour cela qu’il t’a appelé du même prénom… fait-elle, en hochant la tête.— Ouais ! Une sorte d’hommage anticipé : j’étais même pas encore de ce monde… Il m’a expliqué ça sans entrer dans les détails. Il n’est pas du genre à s’étaler sur les circonstances de la guerre… Sa blessure a fini, quelques années plus tard, par le dispenser de retourner en mission à l’étranger, comme ça, je l’ai sur le dos tout le temps, maintenant !— Ça n’a pas l’air de te déplaire, remarque-t-elle.— Exact… C’est déjà dur d’avoir perdu sa mère. Si en plus, le père est en vadrouille dans les régions sensibles du globe où il peut se faire dégommer à tout bout de champ, ça devient carrément flippant ! J’en ai soupé des pensionnats où je passais comme une comète… en me demandant si mon lieutenant-colonel de père était toujours en vie. Même si, à l’armée, ...
    ... faut reconnaître, ils ont l’esprit famille. Et puis je t’avoue, c’est un père super, pas un chieur moraliste. Il me laisse beaucoup de liberté. En fait, il veut que je m’éduque par moi-même. Je l’adore. C’est drôle, mais ça a eu l’air de la retourner grave, ma petite Cassandre. Comme si j’avais dit une obscénité. Des fois, je la comprends pas. « Des fois »… je veux dire « souvent » ! Mon iceberg… qui fait bouillir mon sang et tout le reste, cache bien des mystères. Faut avouer que j’en avais ras la patate de ne pas savoir sur quel pied danser avec elle. Fallait réagir si je ne voulais pas me momifier en ombre de la passion désespérée… Un vendredi, à la sortie des cours, elle arrive catastrophée et excitée. Moi, aussitôt je rougis… Je sais de quoi elle va me parler, forcément. Elle me tend une lettre tapée à l’ordinateur. Pas de signature. Si je ferme les yeux, je peux la lui réciter, façon Cyrano à sa Roxane ! — Il est ouf ! Ce type, non ? me lance-t-elle une fois que j’ai relevé la tête. Je me suis juste donné le temps de me ressaisir avant d’affronter son regard. Le plus étrange en la circonstance, c’est que je n’ai qu’un souhait : qu’elle me reconnaisse dans la lecture de ces mots. Et je n’ai qu’une crainte : qu’elle me reconnaisse dans ces lignes. Mais sa question me rassure. — Il est raide dingue de toi, si tu veux traduire le mot « ouf ! », lui réponds-je— Ouais… ! fait-elle d’un air dubitatif. Mais, j’ai jamais laissé quelqu’un me mordiller les cheveux… quelle idée ! – ...
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