Le temps des aveux
Datte: 07/08/2017,
Catégories:
jeunes,
couleurs,
école,
amour,
init,
exercice,
confession,
mélo,
... imagine que j’aie des poux ! – Et « manger des souvenirs ! », même un végétarien n’y aurait pas pensé ! Ça ne doit pas beaucoup nourrir son homme… M’envoyer un poème, en plus… il se croit au XVIème siècle ou quoi ?— Pourquoi le XVIème ?— Baudelaire, c’est pas du XVIème ? Là, j’ai envie d’ajouter « arrondissement ? ». Quelle déroute ! Elle pourrait baisser dans mon estime, la divine. Elle n’est pas omnisciente. Mais bien sûr, je le savais… et sa fragilité culturelle me la rend encore plus précieuse, paradoxalement. Qu’au moins, j’aie un ou deux avantages sur elle : la littérature et la boxe ! Elle a pour elle sa beauté ineffable qui vaut tous les trésors… c’est du moins ce qu’on pense à mon âge ! Je devrais pourtant me rappeler Ronsard, avec sa rose, ou Queneau (encore lui) avec sa fillette ! Mais, cette étonnante innocence, me la rend plus attachante encore… Faut-il que je sois aveugle ! — Non, Baudelaire c’est davantage XIXème, lui rétorqué-je… Et je trouve que tu devrais apprécier le fait qu’il t’ait envoyé un poème plutôt qu’un « J’te kiffe trop… » ou un « T’es trop bonne, comme meuf ! » ou plus campagnard, « Allez ma Cassandre, enlève tes sabiots et saut’ dans’l lit ! ». Elle s’esclaffe. — C’est vrai, consent-elle. C’est même vachement… poétique… Et je comprends que tu kiffes trop ça, se moque-t-elle. Peut-être même que c’est toi qui me l’a envoyée, cette lettre… Y en a pas beaucoup qui écrivent aussi bien, autour de moi. Là, mes amis, heureusement que j’ai la tête ...
... baissée pour cacher mes émotions – même si ça se voit moins chez nous ! – Le pire, c’est que j’ignore si elle dit ça sans penser ou si elle me soupçonne vraiment. Je m’en tire par une pirouette : — En tous cas, toi tu as un soupirant.— Ou un soupirail ! Décidément, elle est d’humeur guillerette ! Ses yeux pétillent, joyeux comme je les ai rarement vus. Pour le reste, je décide de laisser tomber : je lui fais une déclaration d’amour et elle me parle de soupirail ! Je soupire. Parfois, je me demande pourquoi je lui déroule ainsi le cours de ma vie. Ma mère, mon père et le reste. Je m’aperçois que mes blessures épanchent leur sang devant elle, sans pudeur. Pas toutes, bien sûr, mais quand même… Pour un hérisson comme moi, c’est inattendu. Je l’aime, voilà la raison. Et cet amour me ronge. Je veux qu’elle me connaisse en espérant qu’elle s’attachera à moi… un jour. Seulement, qu’a-t-elle à faire d’un vilain petit canard comme moi ? Pourtant, elle lui prend le bras à ce vilain petit canard, lui fait traverser la cour, elle, la princesse aux mille et une séductions. Elle le promène… et finit par l’emmener dans ses paysages tristes et même, bien plus tristes que je ne l’imaginais : — Mon père est un salop ! C’est tombé comme ça ! D’un coup, au détour d’un silence dont nous avons le secret. Les silences ne nous gênent pas, au contraire. Ils nous unissent. C’est comme si on prenait le temps de déguster les paroles de l’autre, – à l’instar des cornes de gazelles ! – de les méditer en ...