1. Le temps des aveux


    Datte: 07/08/2017, Catégories: jeunes, couleurs, école, amour, init, exercice, confession, mélo,

    ... de te dire tout ça… Je ne sais pas pourquoi… Ça fait trop lourd à porter, des fois. Il n’y a qu’à toi que je pouvais confier toute cette merde. Avec toi, je suis en confiance, tu comprends ? Je l’ai su tout de suite, au premier jour… Je sentais qu’il y avait de la force en toi. C’est pour ça que j’étais venue te voir – tu te rappelles ? – lors de ton exclusion.— Tu peux avoir confiance – j’ai failli rajouter « mon amour » ! – Mais, vraiment, tu n’en as parlé à personne ? Je veux dire, à un adulte, à un prof ou à un médecin ?— Ça non ! déclare-t-elle d’un ton péremptoire. Elle est soudain sur la défensive. Il n’en est pas question, tu m’entends ? Et ses yeux me fixent comme si, brusquement, je constituais un danger potentiel. J’aurais trop peur. Pour maman… et pour moi aussi. Tu ne l’as jamais vu en colère. Il devient comme fou ! Il serait capable de… je ne sais pas… mais capable de choses terribles. Elle s’est redressée. Ses yeux bleus sont comme des soleils apeurés, l’iris en est tout frangé de rouge. La pupille est dilatée d’effroi. Les cils clairs sont collés par les larmes, des traces noirâtres de rimmel ont coulé sur ses joues. Visage défait, décomposé. Enfin… presque laid ! Elle saisit un mouchoir dans sa poche, l’humecte de salive pour réparer les dégâts… coquetterie presque rassurante. Elle veut reprendre le dessus. Malgré tout, elle tremble encore. Quelle irrépressible envie de la serrer contre moi… Comme elle m’émeut… Elle est cassable comme un verre de cristal ! — ...
    ... Tu es merveilleuse ! C’est sorti comme ça. Je n’ai pas pu m’en empêcher. Une intuition fugace, l’urgence de la rassurer, peut-être. Elle me considère, toute surprise. — Pourquoi tu dis ça ?— Parce que c’est vrai. Parce que tu résistes. Parce que tu parviens à rester toi-même… Tu es sacrément forte, Cassandre, pour supporter tout ça.— Tu parles !… Je ne supporte pas, je ne résiste pas… je m’écrase de peur. Je suis une moins que rien, la dernière des connes – inculte en plus, et c’est dit avec un vilain sourire en coin. – Une merde ! Nulle à l’école. Nulle en tout !— C’est ton père qui te dit ça, pas vrai ?— Il le dit parce que c’est vrai. Il a raison. Même si c’est un salop. Et toi, qu’est-ce que tu fais avec moi, hein ? Comment peux-tu me supporter ? – sa voix monte dans les aigus. – Tu ne sais pas tout sur moi… Je ne suis pas saine, pas saine du tout… je me sens même sale… je me déteste, surtout là. Qu’est-ce que je fais avec toi ? Qu’est-ce que je te fais ? Elle est fâchée soudain, contre moi, contre elle. La Cassandre soupe au lait resurgit, la morveuse sort ses griffes. Colérique ma bipolaire… elle a peut-être de qui tenir ! Le mieux, en la circonstance, c’est de me taire, de laisser retomber le lait qui bout ! Ça me rappelle un truc que j’ai lu quelque part… d’Anouilh ou d’Allais, ou d’un autre, je ne sais plus. En gros, ça dit qu’il est inutile de contredire une femme, qu’il est plus simple d’attendre qu’elle change d’avis ! Humour misogyne ! Je ne vais sûrement pas la ...
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