1. L'autre


    Datte: 28/11/2018, Catégories: fh, frousses, extracon, cocus, cérébral, revede, Oral init, ecriv_f,

    Depuis plusieurs semaines, Béatrice s’affaire. Il y a tant de choses à régler. Elle ne compte pas sa peine. Les jouets des enfants sont déjà dans les cartons, sauf leurs préférés qu’ils emporteront avec eux. La nouvelle maison n’est pas loin. Et Béatrice, enthousiaste, trie, range, organise, jette. Cette maison, elle en rêve depuis si longtemps. Depuis toute petite, en fait. Ces grandes maisons au bord du parc, c’était ses palais à elle. Elle se mettait sur la pointe des pieds pour observer les jardins. En hiver, elle aurait collé son nez aux vitres, si ce n’était pas si impoli. Demain, elle emménage dans une de ces belles demeures. Huit pièces, pas une de moins. Elle aura bientôt son propre bureau. Pas que leur maison actuelle soit petite. Mais pour elle, ces pavillons sont une demi-mesure. Et l’école de Rémi est en centre ville. Ils seront mieux là. Elle s’attaque au débarras. Hier, Jean-Claude s’est excusé : ce sont ses affaires qui sont là, ses cours, notamment. Il a été pris au dépourvu, il pensait vraiment qu’il aurait le temps. Béatrice l’a rassuré d’un sourire : bien sûr qu’elle s’en occuperait. Ce ne serait de toute façon rien à faire : tout était encore resté dans les cartons du précédent déménagement. Elle commence par évacuer le vieil aspirateur et la table à repasser bancale. Elle ne se rappelle plus pourquoi elle les a gardés. Elle peste un peu contre cette habitude qu’elle a de conserver « au cas où ». Comme si ça en valait la peine. Cet aspirateur est d’un ...
    ... lourd ! Vraiment, Jean-Claude aurait pu, dans les semaines passées, annuler un de ses prétendus entraînements de squash. Il aurait ainsi eu le temps de vider le débarras. L’idée la fait sourire. Pas le même genre de sport, c’est sûr. Il en revient, les cheveux trempés, puant l’after-shave à dix mètres. Elle fait semblant de rien. Elle sait parfaitement que c’est pour couvrir une autre odeur. Elle ferme les yeux : son mariage est construit là-dessus. Il sortait avec Gwenn avant de la connaître. De cela, elle est sûre. Il n’a jamais cessé de la voir, elle en est aussi certaine. Le squash, bien entendu. La réunion du jeudi matin, qui le rend complètement indisponible. Les séminaires. Il est directeur commercial d’une grande maison de champagne. Il lui est facile d’inventer des déplacements. Mais Béatrice s’en moque. Quoi que lui vole cette gourgandine, c’est pour elle qu’il a acheté cette maison. Et c’est elle qui est sa femme. Elle ne l’a vue qu’une fois, Gwenn. Béatrice était place d’Erlon avec une amie, la première qui lui avait dit, pour Jean-Claude. Elle l’avait tiré par la manche « Regarde, c’est elle ! ». La fille entrait dans la pâtisserie. Elle avait, fugacement, vu une silhouette petite, gracile, et une chevelure rousse, magnifique, flamboyante. Son amie lui parlait toujours, mais elle ne savait pas de quoi. Béatrice était très fière de ses cheveux. Une longue crinière châtain, lourde, brillante. Elle en faisait un atout de séduction, les nouant en un chignon lâche qui ...
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