Croisière Corse
Datte: 30/11/2018,
Catégories:
fh,
hplusag,
bateau,
amour,
Calvi, dans la lumière dorée de cette fin d’après-midi d’automne… Début octobre, les mouillages sont pratiquement déserts et seuls quelques échos assourdis me parviennent de la ville proche. J’avais quitté Port-Camargue depuis deux jours, seul à bord du « Ponant », un catamaran de quatorze mètres acheté quelques mois auparavant. Veuf depuis l’année précédente, j’avais soudain réalisé qu’à 53 ans, je n’avais pratiquement pas levé le nez du guidon ! Études d’abord, école vétérinaire ensuite, plusieurs années de travail acharné pour créer une clinique, aujourd’hui florissante. Mon épouse m’avait donné deux beaux enfants, un garçon et une fille, désormais autonomes et je me retrouvais soudain seul dans la grande maison de famille sur les bords de la Rance. Ma grande passion pour la mer qui était quelque peu passée au second plan, revenait soudain en force… voile, plongée, photo sous-marine, voyages… pourquoi attendre ? Une année avait passé depuis l’accident qui avait coûté la vie au grand amour de ma vie… médecin urgentiste, tuée au bord d’une voie-express par un chauffard ivre. On appelle ça un « suraccident » une sorte de crime, en fait, et peu puni… surtout lorsque son auteur porte des plaques diplomatiques… Après des mois de galère et de dépression, j’avais loué la maison, laissé ma clinique en gérance à mes associés et décidé de partir… Mon frère m’avait prêté sa maison de Port-Camargue et c’est sans vraiment le chercher que j’ai trouvé le « Ponant »… Pas un catamaran de ...
... course, pas non plus un mobil-home flottant, mais un bateau bien conçu, à peine âgé de trois ans… Son propriétaire, empêtré dans les détours d’un divorce difficile, ne se fit pas prier pour me le laisser à un prix… honnête. Un bateau de cette taille ne se vend pas comme un dériveur et, dit-il, ça fera toujours autant de moins pour cette garce qui veut me plumer… et qui a toujours détesté la mer ! Je m’étais dit qu’il était plus que temps de profiter de cette opportunité pour retrouver la Corse, où j’avais passé certaines de mes plus belles années… quelques trente-cinq ans plus tôt ! La traversée s’était déroulée sans problème, une bonne brise de Noroît m’avait permis de pousser quelques pointes de vitesse à 18 nœuds, une bonne performance pour ce bateau « pépère », conçu pour le confort de son équipage plus que pour la vitesse. Arrivé à Calvi, j’avais invité le capitaine du port, un vieil ami, à déguster leti-punch des retrouvailles et je pouvais entendre l’approche de la navette du port tout en découpant mes citrons verts… Surprise… accompagnant mon ami Doumé (ça ne s’invente pas !), une brune et svelte jeune femme est à la barre, apparemment très à l’aise et manœuvrant la barge comme une vraie pro. L’accostage est impeccable et la navette à peine amarrée, c’est une vraie tornade qui, bondissant à bord sans même toucher les filières me saute dessus avec un sonore « Salut tonton ! ». Abasourdi, je réalise que j’ai dans mes bras Giulia, la fille de Doumé… la gamine que j’ai ...