Croisière Corse
Datte: 30/11/2018,
Catégories:
fh,
hplusag,
bateau,
amour,
... saleté de temps qui passe. Je dois me retenir et obliger mon regard à quitter Giulia, je l’écoute comme dans un rêve me parler de sa vie aux États-Unis, de son mari, professeur à la Scripps de San Diego, d’une grossesse difficile qui ne parvint pas à son terme. Sa présence à Calvi me laissait deviner la suite… opération, convalescence, suivie deux ans plus tard d’une rupture… plus ou moins amiable. Son métier, elle en parle avec passion et lorsqu’elle me raconte ses missions, ses campagnes d’océanographie, ses yeux s’éclairent, la tristesse disparaît de son visage. Je ne peux m’empêcher de la détailler, à la dérobée, essayant de retrouver les traits de l’adolescente dans cette silhouette de femme dans la plénitude de sa beauté. Ses cheveux, toujours aussi noirs, ont quelques fils d’argent aux tempes, et je vois, au coin de ses yeux de petites rides qui apparaissent lorsqu’elle sourit. Les deux petites pommes dont le contact m’avaient tant troublé, ont fait place à une poitrine qu’on pourrait qualifier de moyenne, mais qui, sous le teeshirt à la tête de maure, semble inviter à la caresse… Dans la brume citronnée qui m’enveloppe, me revient à l’esprit une phrase entendue je ne sais où : de quoi remplir la main d’un honnête homme… Je souris, béat et Giulia me regarde, perplexe, stoppée dans sa description des sources hydrothermales, des vers géants et autres animaux des grands fonds. Il est deux heures du matin, nous avons bu, grignoté, parlé, parlé… comme si nous avions voulu ...
... rattraper les années perdues. La mer est immobile, au-dessus de nous scintillent les étoiles et l’odeur du maquis nous arrive avec un petit souffle de vent de terre : pins, ciste, myrte, romarin, cédrat… Dominique, comme mu par un ressort, se lève soudain et nous ramène sur terre — Bon dieu, Giulia, demain matin à six heures, j’ai le ferry qui arrive de Toulon !— Hé, mais je ne travaille pas au port, moi, proteste sa fille Un instant, je songe à lui suggérer de dormir à bord, mais au moment de le faire, un scrupule me retient… ce n’est plus le chat écorché d’il y a 20 ans, mais une jeune femme qu’en fait je ne connais pratiquement pas. En bougonnant elle regagne l’annexe avec son père, et nous décidons de nous retrouver le lendemain matin lorsque son capitaine de port sera au travail. Séquelles duti-punch ou confusion de l’esprit… il me faut un certain temps pour trouver le sommeil et j’ai l’impression d’avoir à peine fermé l’œil lorsqu’une odeur de café et de pain grillé me ramène à une agréable réalité ! Le temps d’enfiler un short, j’émerge de ma bannette et me dirige vers la cuisine où s’agite une silhouette moulée dans un ensemble rayé à faire pâlir un quartier maître ! — Dis-donc, tonton, tu m’as l’air bien flapi… aurais-tu passé une mauvaise nuit ?— Euh, nnnoon, balbutié-je, et te voir là va vite me remettre d’aplomb !— Mmm, vieux flatteur, va donc piquer une tête… la piscine est juste à côté… le café sera prêt à ton retour ! « Bonne idée, le bain, me dis-je, rien de ...