L'Hirondelle qui fait le printemps...
Datte: 08/08/2017,
Catégories:
fh,
inconnu,
jardin,
collection,
amour,
volupté,
cérébral,
revede,
Voyeur / Exhib / Nudisme
BDSM / Fétichisme
Oral
init,
Chaque année, à quelques jours près, elle est là, fidèle au rendez-vous. Elle se plante dans le square, toujours au bout du même banc vert bouteille, à l’assise de plus en plus défoncée par les ans. Elle vient là, passe une partie de la matinée à lire un livre de poche, écorné, jauni et maculé de taches de toutes les couleurs. En fin de matinée, elle sort d’un cabas de raphia, usé par les ans et tenu par le miracle de quelques bouts de ficelles, un paquet soigneusement enveloppé dans du papier gras et suintant. Elle en tire un sandwich de pain de mie, dont elle s’évertue à ne pas laisser une seule miette s’étaler sur son gilet de laine. Avec des gestes précieux et méticuleux, d’un revers de main elle les essuie, les balaye à ses pieds, au grand bonheur de quelques pigeons voleurs ou moineaux chapardeurs. Puis ses frugales agapes terminées, elle plie soigneusement le papier et le range dans le fond de son sac et reprend sa lecture. Vers le milieu de l’après-midi, quand les derniers rayons de soleil finissent de venir mourir à ses pieds, elle resserre d’une main nerveuse le col de son gilet de laine autour de son cou. Elle serre sa main sur les deux revers, imperturbable, elle finit sa lecture. Elle attend que le soleil disparaisse derrière les toits des hautes maisons qui bordent le square pour replier lentement son livre. Elle le dépose dans son sac, s’étire puis, après avoir contemplé la vie qui s’écoule autours d’elle, comme sortant d’un rêve, elle se lève enfin. Le dos ...
... souple, elle ramasse son sac, enfile l’anse lâche sur son épaule avant de disparaître, absorbée par la vie de la rue, jusqu’au lendemain matin. Depuis plusieurs années, elle fréquente le square. Depuis plusieurs années, ponctuellement, elle revient avec les premiers beaux jours du printemps et je guette son arrivée au point que mon impatience me l’a fait surnommer « l’Hirondelle ». Je ne la connais pas. Mais je passe mon temps à l’épier, dès qu’elle se réinstalle dans le square. Elle est de taille moyenne et menue, plutôt blonde, un peu cendrée, un peu châtain. Les cheveux mi-longs, souvent cachés par un bonnet en forme de cloche, sans véritables formes, tricoté à la main et orné d’une sorte de coquelicot rouge qui détone sur le mauve violet et délavé du chapeau. Elle est souvent vêtue d’un vieux manteau afghan, sorte de peau de bête retournée d’où s’échappent de longs poils laineux. Chaussée de bottines, il m’a souvent semblé apercevoir des collants (à moins que ce ne fussent des chaussettes) vert-acide ou mauves, assorties alors au bonnet. Quelque fois, par curiosité, je me suis approché d’elle. Mais jamais je n’ai réussi à engager une quelconque conversation. J’avais déjà remarqué ses traits réguliers et son nez fin qui marque un léger retroussis avec des ailes presque diaphanes. Ses lèvres sont délicates. Jamais fardées, elles ne sont pas pour autant négligées ou abîmées par les rigueurs des frimas. Les pommettes un peu saillantes et un menton volontaire, elle est mignonne ...