1. L'Hirondelle qui fait le printemps...


    Datte: 08/08/2017, Catégories: fh, inconnu, jardin, collection, amour, volupté, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme BDSM / Fétichisme Oral init,

    ... au square ? Vêtue de son vieux manteau afghan qui lui bat les mollets, coiffée de son inénarrable bonnet en forme de cloche d’une couleur mauve délavée, elle est relativement facile à suivre. Elle avance d’un bon pas, sans pour autant avoir l’air d’une femme pressée. Elle fend la foule qui se presse à cette heure là, évitant les passants avec souplesse. Elle emprunte un métro et deux stations plus loin, l’abandonne pour monter dans un RER à destination de la banlieue. Inconscient, je marche dans son sillage, monte derrière elle dans la rame bondée et mon regard ne cesse de l’accrocher, de peur de perdre le contact. Elle voyage, comme elle a vécu sa journée : les yeux baissés, sans distribuer le moindre regard à droite ou à gauche, même lors des montées ou des descentes dans les gares. Elle reste concentrée, renfermée sur elle-même. Elle ne lit plus. Elle ne fait rien. Juste de temps à autre, lève-t-elle rapidement les yeux pour mieux se raccrocher à une barre dans un virage ou lors d’un brusque coup de frein. À mi-chemin, elle se laisse porter par la foule qui se rue vers la descente et il me faut faire quelques prouesses pour lui emboîter le pas. Les lieux me sont inconnus. Il me semble soudain que j’entre dans une jungle hostile. De toute part, je suis cerné et étouffé par de hauts immeubles en forme de tours ou de barres. Les façades sont uniformes, tristes, au blanc sale, aux fenêtres souvent mi-closes. Plus loin, le long d’une avenue à la circulation dense et bruyante, ...
    ... sans se préoccuper des couleurs de feux, elle traverse. Elle marque un léger temps d’arrêt au milieu de la chaussée puis rallie le trottoir d’en face, pour s’engouffrer dans une vieille échoppe aux vitrines jaunies par la pollution et la poussière. Avec retard, je tente la même aventure qu’elle et, non sans quelques frayeurs, je me pointe devant la devanture sale. C’est celle d’un bouquiniste. Elle est là, à l’intérieur, penchée au-dessus d’une caisse de romans de seconde main, et choisit avec soin un nouveau livre pour s’en repaître le lendemain. Puis, sans passer par la caisse, sans parole ni signe de connivence, elle ressort. Comme je l’ai vu faire dans les films policiers, à la façon de Nestor Burma, je remonte le col de mon manteau et colle mon nez à la vitrine sale tout en la surveillant du coin de l’œil. Elle s’éloigne de moi, à pas toujours souples et presque comptés. Plus loin, elle oblique vers un jardin public. Des enfants jouent dans les allées, quelques landaus ont été sortis et s’attardent encore, en profitant des derniers rayons de soleil. Elle longe une pièce d’eau, ralentit son pas pour lorgner les divers volatiles qui s’y ébattent. De son sac, elle extrait quelques miettes qu’elle jette à la volée, sans marquer le moindre arrêt, ni ralentir et elle sort du parc toujours selon son rythme. Nous sommes dans une zone pavillonnaire. La rue est bordée de jardinets, certains coquets, d’autres à l’abandon. Vignes vierges et glycines forment une sorte de haie vive et ...
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