1. L'Hirondelle qui fait le printemps...


    Datte: 08/08/2017, Catégories: fh, inconnu, jardin, collection, amour, volupté, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme BDSM / Fétichisme Oral init,

    ... mais pas belle. Ses doigts, fins et soignés, eux non plus ne sont jamais ornés de bagues ou de vernis, lui donnent un air distingué et nonchalant. Elle lève rarement les yeux vers les autres promeneurs et son air absorbé semble faire fuir ceux qui chercheraient un bout de banc pour se reposer ou passer le temps. Rares sont les fois où elle semble même remarquer qu’un ballon d’enfant échoue entre ses pieds. Généralement, au contact quelque fois brutal de l’objet rond et bondissant avec ses pieds, elle ne daigne même pas lever les yeux. Pas plus qu’elle ne fronce les sourcils quand l’un des garnements vient le récupérer sans un mot d’excuse pour le dérangement. Non, elle reste là, impassible, absorbée par sa lecture, voyageant dans son monde à elle. Elle est intrigante « l’Hirondelle » et pourtant sa présence a quelque chose d’immuable et de rassurant. Personne ne la connaît dans le quartier et en dehors du printemps, elle semble se volatiliser et ne plus exister. Seuls, les jours de pluie printanière la font fuir. Le square vide semble encore plus désertique sans sa silhouette qui orne le banc en face de chez moi. Fidèle à son rendez-vous, avec les premiers jours du printemps, elle revient s’installer sur le banc. Comme cette année encore ! Immuable dans ses gestes, dans sa façon de s’asseoir, dans ses habitudes, elle a passé les premiers beaux jours à lire. Chaque soir, au même moment, elle s’est levée et avec un pas souple, elle a disparu. Une fois encore, j’ai passé ...
    ... plusieurs jours et de nombreuses heures à la surveiller, derrière mon rideau dans la pièce qui me sert de bureau. À différentes reprises je suis même descendu faire quelques pas dans le square en m’obligeant à mieux la contempler de près. Cette année, j’ai même poussé l’outrecuidance à venir m’installer sur le même banc qu’elle, dépliant mon journal et tentant de m’attacher à la lecture des articles. Mais en vain. Je n’ai suscité ni haussement des sourcils, ni regard. Même pas un rapide coup d’œil. Elle est restée là, définitivement scotchée à son livre dont elle tournait les pages avec précaution après avoir mouillé le bout de son index. Pourtant ce n’était pas faute d’avoir fait preuve de bonnes manières ou de civilités. J’ai dit « Bonjour ! », j’ai poliment demandé si je pouvais m’installer là, au bout. Mais rien. Pas de réponse. Le mutisme le plus total. Je n’ai pas réussi à entendre le son de sa voix, ni éveillé le moindre intérêt. Peut-être est-elle muette ! Après tout, les muets ont aussi le droit de fréquenter le square. Un soir, du haut de mon bureau, alors que le soleil commençait à décliner et marquer l’ombre des arbres à ses pieds, sur un coup de tête, j’ai enfilé mon manteau ; j’ai fermé la porte de mon appartement ; vérifié ma monnaie et me suis assuré de la présence tranquillisante de ma carte Orange, là au fonds de ma poche. Alors, je me suis planté non loin d’elle, bien décidé à lever le mystère de « l’Hirondelle ». Où cachait-elle ses ailes quand elle n’était pas ...
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