1. Passion, obsession


    Datte: 09/12/2018, Catégories: fh, extracon, Collègues / Travail complexe, bizarre, cérébral, Masturbation Oral pénétratio, portrait, couple,

    Enfant, Édouard a assisté, impuissant et désespéré, aux déchirements qui ont anéanti sa famille, sa chère famille. Entre une maman obsédée par la tenue de son intérieur et un papa obsédé tout court, les querelles et disputes incessantes ont baigné une enfance chaotique. Ce n’est qu’en faisant le malin – en se faisant remarquer, comme on dit – qu’Édouard a tenté de se faire une place, qu’Édouard a tenté d’exister. Pris de passions éphémères, il était capable de s’engager comme un fou dans tel sport pour le délaisser ensuite au profit d’un autre, ou pour une activité comme la construction de maquettes pour passer à la lecture effrénée de BD ou l’astronomie. Il apparaissait comme brillant car tout ce qu’il faisait, il ne le faisait pas à moitié. C’était toujours à fond, complètement, totalement, en abandonnant le reste. Il en fut de même de ses fréquentations. Il pouvait être « super pote » avec Untel, puis tout à coup passer à une autre amitié, aussi sincère, aussi forte, mais aussi fragile. Personne, finalement, ne pouvait affirmer qu’il le connaissait depuis longtemps. Il voulait être le meilleur dans tout ce qu’il entreprenait. Ce n’était pas tant qu’il voulût être vraiment le meilleur, dans l’absolu, mais il voulait être le meilleur aux yeux de ses parents, leur montrer que bien que séparés et en guerre perpétuelle, ils avaient réussi leur enfant. Ce n’était au fond que ça : une soif de reconnaissance, égoïste et narcissique, irraisonnée et chevillée au corps. Il était ...
    ... capable de passion, d’excès. Il n’était pas capable de s’intéresser à un sujet sans passion, sans excès. « La passion est une obsession positive. », comme disait Carvel. Mais ces passions étaient guidées par une obsession permanente : celle de plaire, celle de ne jamais décevoir, celle de ne jamais s’effacer. Et l’obsession, elle, est une passion négative. Il avait juste besoin de se sentir aimé. Comme tout le monde, me direz-vous. Mais il y avait autant de différence entre son besoin à lui et le vôtre qu’entre la soif de quelqu’un qui se déshydrate et celle d’un alcoolique. Le besoin d’amour passe d’un besoin ordinaire à un besoin vital, existentiel, permanent, maladif et obsessionnel. Quand il voulait être le meilleur sur un terrain de foot, c’était pour que ses coéquipiers l’aiment. Il en était de même avec ses maquettes qui devaient être parfaites pour que les passionnés l’adorent. Au-dessus de tout ça il y avait bien entendu ses parents. Être aimé de ses parents, c’était son but ultime. Et Édouard ne pouvait pas concevoir, mais vraiment pas, que ses parents puissent se détester autant et l’aimer, lui, leur enfant. S’ils se déchiraient, c’était aussi à cause de lui. Comment pouvaient-ils ne pas s’aimer, aimer quand même leur fils, et pourtant souhaiter pour lui un avenir différent ? Comment pouvaient-ils l’aimer et ne pas faire tout ce qu’ils pouvaient pour s’entendre, se rapprocher, faire fi de leurs différends qui ne pouvaient pas, même cumulés, avoir autant d’importance ...
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