1. Ôléauduc


    Datte: 30/12/2018, Catégories: ff, ffh, fbi, couple, inconnu, plage, bain, Voyeur / Exhib / Nudisme 69, pénétratio, fsodo, init, mélo,

    ... ce gouffre insondable qui, avec mes yeux d’adulte, a perdu beaucoup de sa prestance terrorisante. Sans pour autant être plus facile d’accès. J’ai retrouvé la même sensation de fraîcheur secrète, le même appel de l’eau fraîche dans ma bouche sèche et dans ma gorge en feu sous le soleil de l’été torride. La parole de grand-père m’est revenue pour m’aider à surmonter ma peur du vide alors que j’hésitais entre le renoncement et l’aventure. À quatre pattes au bord du gouffre, j’ai cherché le passage avec la trouille au ventre. Au bout d’un moment, j’ai remarqué que certains rochers faisaient une succession de petites plateformes dans la paroi, que l’on pouvait désescalader sans trop de danger. J’ai franchi les premières vires sans regarder en bas, concentrée sur l’exercice plutôt facile si l’on ne considère pas le vide qui est en dessous. C’est au milieu de la paroi que j’ai commencé à me bloquer. En cherchant mon itinéraire pour franchir un passage moins facile, j’ai imaginé la chute, je me suis vue en train de tomber puis en train de geindre seule, sans espoir de secours au pied de la paroi. Ce cinéma m’a immobilisé un bon moment, inhibant toute action, tout geste que ce soit pour descendre ou pour monter. J’étais là, conspuant mon grand-père, lui disant ses quatre vérités et d’autres certainement moins aimables. Je me suis surprise à le détester, à le haïr de m’avoir conduite dans une pareille situation. Je finis par éclater en sanglots, accrochée à la paroi. Mes muscles se ...
    ... tétanisaient douloureusement tandis que la sueur de mes doigts et mes paumes rendait glissantes les prises. Je pris conscience qu’il fallait que j’arrête de m’apitoyer sur mon sort et que je me bouge pour sortir de là avant de me mettre réellement en danger. Lentement j’ai retrouvé les gestes qui m’ont conduit à la plateforme inférieure. Je pensais pouvoir y récupérer des forces avant de remonter, abandonnant sans vergogne ce projet absurde. Tant pis pour grand-père, d’ailleurs sa cote d’amour était en baisse depuis quelques minutes. Son rire m’est revenu à l’esprit. Son rire chaleureux et goguenard parfois qui sonnait quand je me faisais prendre à ses farces, comme aujourd’hui : des barreaux de fer étaient scellés dans le rocher pour former une échelle facile à parcourir. « Pourtant il suffit de surmonter sa peur, de suivre son envie, de trouver le courage d’aller au-delà de ce que l’on pense possible, de croire en sa chance, de risquer de perdre ce que l’on aime, de se perdre soi-même et de perdre l’aisance de son innocence pour rejoindre l’eau belle quand on passe par là. » La phrase est revenue clairement dans mon esprit ; émergeait directement de mon souvenir. L’ultime leçon de grand-père. La transmission du savoir de toute une vie. Toute joyeuse et émue de cette ultime rencontre avec mon aïeul j’ai parcouru cette « via ferrata avant l’heure » d’un seul souffle. Les pieds dans le torrent je remontais le cours d’eau. Il jaillissait d’une grotte dans laquelle je rentrais ...
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