1. Pas de porte


    Datte: 06/01/2019, Catégories: fh, hplusag, hagé, jeunes, voisins, grosseins, groscul, poilu(e)s, lunettes, complexe, vacances, campagne, amour, intermast, Oral nopéné, fdanus, init, prememois, initfh,

    La cloche battait de son rythme lent et sombre à l’église de Châteauneuf lorsque je remontai ce soir-là au village après mes derniers soins. En sortant de la voiture, j’avisai la mère, sa silhouette frêle et tremblante coincée sur une chaise bancale et mal rempaillée sur le seuil de la maison, le long de la route autrefois nationale. – Quelqu’un est passé au village, aujourd’hui ? Son chef émacié aux yeux égarés, sous la touffe filasse des cheveux gris, opina en tressaillant. – Le Parisien… près de l’école… Le flot des souvenirs me submergea brusquement. Le « Parisien ». Xavier. Celui qui… celui que… Enfin bref. Le seul qui avait compris. Qui m’avait comprise. Puis l’éveil. La folie. Tout ceci me ramenait vingt ans en arrière, alors que je me traînais comme une âme en peine dans les rues désertes et surchauffées du village, à supporter les agaceries d’adolescent boutonneux de mon frangin et de ses potes. Selon les instants de la journée, il me fallait l’escorter vers le terrain de jeux que le maire du village avait fait installer derrière la mairie, à la Soulane, ou au contraire revenir à la maison, après d’invraisemblables détours. Et le soleil du midi qui nous tapait dessus à coups redoublés. C’était l’année du bac et de mes dix-neuf ans. Je n’étais pas précoce. Je n’étais précoce en rien. Déjà pas sur le plan scolaire ; je venais par ailleurs de rater mon permis de conduire ; quant aux amours… Je dois dire que je ne savais même pas de quoi il s’agissait. Peut-être ...
    ... fuyais-je cette réalité. Un effet de mon subconscient. J’étais la fille d’une mère seule. Oh ! Bien sûr, je connaissais mon père. Un type vraiment bien. Il avait eu le temps de lui faire mon petit frère. Et il nous avait reconnus tous les deux. Je crois que lui, il voulait épouser Maman. Mais elle n’a rien voulu savoir. La peur de l’inconnu ? Papa a retrouvé une autre chérie. Qui m’a fabriqué une petite sœur. Tout ça a explosé en vol. La seconde chérie s’est envolée avec un étalon plus efficace. S’ils ne sont pas encore divorcés, c’est qu’il faudrait payer un avocat. Et de son côté, Maman s’est peu à peu enfoncée dans sa déprime. Déjà qu’elle n’était pas grosse, il ne lui est plus resté que la peau et les os, à la mère. Et moi cloîtrée dans un village de deux cents habitants lorsqu’il fait beau. À vingt-cinq kilomètres de la première bourgade un peu vivante. Pas de quoi rêver à la bagatelle. De toute façon, je ne voyais pas pourquoi m’aventurer pour aller me fourvoyer dans une catastrophe nucléaire qui, si je regardais mes parents, me paraissait d’une certitude absolue. Pourtant, les gens disaient que j’étais un beau brin de fille. Mais je ne m’en étais pas aperçue. Pour tout dire, je pensais exactement l’inverse. Et du coup, je rasais les murs pour ne pas me faire remarquer. Des jeans sans fantaisie. Des gros pulls l’hiver, ou l’été des T-shirts informes, et trois tailles au-dessus de la mienne pour cacher mes gros seins. Et mes hanches de poulinière. Mon gros cul. Ensuite, il y ...
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