1. Les yeux grand ouverts


    Datte: 16/01/2019, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    ... ni l’autre, emporté par le désir, n’avions pensé un seul instant à un préservatif, et il s’était souvent interrompu, se retenant de jouir en moi pour me préserver. Ce n’est que bien après, après avoir repris mes esprits que je me suis inquiétée de lui et de son plaisir, que je lui ai dit que je prenais la pilule et qu’il pouvait se laisser aller. Bien après parce que ce premier orgasme égoïste m'avait étourdie, littéralement, et qu’il n’en était pas resté là, me faisant jouir encore de ses caresses. Lui, venait de se montrer à la fois l’amant le plus attentionné et le plus adroit que j’ai jamais eu auparavant, des histoires brèves, d’un soir ou de quelques jours, par ma faute ou la leur. Je sais aujourd’hui qu’avant lui, j’avais baisé, ou je m’étais faite baiser, des plaisirs égoïstes bien peu partagés. Avec lui j’ai pris mon temps comme avec aucun autre avant. Ce que j’avais détesté avec un, qui maintenait ma tête d’un poing dans mes cheveux pour me retenir et jouir dans ma bouche, que j’avais refusé à d’autres en me souvenant de cette expérience, je le lui ai offert, pour son plaisir à lui mais aussi pour le mien, parce qu’il n’y avait aucune contrainte, au contraire, il avait tenté d’échapper à ma bouche en sentant son plaisir venir. Je l’avais deviné prêt à jouir et c’est moi qui ai résisté quand il a voulu s’écarter. Et puis les heures ont passées, sans que mon désir de lui ne passe, et toujours lui aussi reprenait vigueur. Je voulais le garder, ...
    ... il n’avait pas l’intention de partir. Ce premier après-midi et la nuit, le lendemain et une nuit encore. Dans ma chambre et dans le salon, dans la cuisine et la salle de bains, nous ne nous sommes quasiment pas quittés. Je le guidais dans cet appartement qu’il ne connaissait pas, plein de pièges pour lui, on parlait de tout et de rien, ma vie d’étudiante et sa vie au bout d’une canne blanche, moi les étudiants qui passaient une nuit ou deux dans mon lit, lui celles qui partageaient avec lui une heure ou deux. Il avait dès le premier soir rassuré sa tante par téléphone sur son absence et était resté chez moi, sans qu’on imagine se séparer l’un de l’autre un instant, sans qu’on ne juge utile l’un et l’autre de nous rhabiller au sortir d’une douche ou avant un repas. Je lui ai dit mon inquiétude, parce que je m’étais jetée à son cou, une fille facile. Il riait. Un an. On est ensemble depuis un an et mes amies se sont un peu éloignées, dans mon dos j’entends « il est sympa, plutôt beau gosse, d’accord … mais vivre avec un handicapé ? ça durera pas … ». J’entends. J’entends moins bien que Mathias, ; je sens, moins bien que lui mais je sens ; j’apprends. Très souvent dans la rue à son bras je ferme les yeux et je me laisse guider, très souvent chez nous je reste les yeux grand ouverts pour le regarder. Chez nous très souvent je suis nue, pour qu’il me sente et me voit … me voit du bout de ses doigts, et j’aime beaucoup comme il me regarde … Misa – 11/2015 
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