1. Origami


    Datte: 31/01/2019, Catégories: hagé, ascendant, mélo, nostalgie, portrait,

    ... amants, les limites étaient claires, à la mesure de leurs prérogatives. Ne pas montrer, ne pas laisser toucher, ne pas regarder. À me laisser déposséder des territoires les plus intimes de mon corps et de mon âme. Les transgressions n’en étaient que plus troublantes. Jusqu’à ce que progressivement tout s’estompe. Au point qu’aujourd’hui, je ne suis plus sûre de rien. Dans tout le vocabulaire amoureux, quel est le mot de trop, le geste de trop, celui qui fait basculer de la tendresse au désir, de la complicité amicale aux jeux de séduction ? À l’inverse, que faire de l’intention, du désir sournois que les hasards de la vie empêchent de concrétiser, bien ou mal à propos ? Était-ce tromper, ce que j’ai vécu une nuit avec un inconnu dans un train, un inconnu à qui j’ai eu spontanément envie de confier mon désarroi face à l’absence d’avenir de ma relation du moment ? Un inconnu au parfum si léger, si bien assorti à la douceur de ses gestes, qui m’a prise entre ses bras, exactement comme j’en avais besoin. Était-ce tromper, au moment où la fatigue commençait à rendre notre discussion plus imprécise, que de le laisser poser sa main entre mes cuisses à travers le tissu de ma robe, en murmurant tout contre mon oreille « Lâche-toi, on prendra le temps après pour recoller les morceaux ! ». Était-ce tromper que de jouir de cette parfaite pression contre mon intimité délaissée, après quelques balancements des hanches, puis de lui offrir un semblable plaisir du bout des doigts ? Ou ...
    ... était-ce plutôt de m’offrir quelques heures plus tard à mon homme encore ensommeillé, sans rien avouer, en le laissant profiter de mon désir exacerbé par le trouble qu’avait causé cette gâterie sans suite ? — Et Gabrielle, là, en dessous d’elle, tu vas me faire croire que c’était une relation platonique ? Ce n’est pas pour rien que tu l’avais inscrite dans cette case-ci, comme une nouvelle rencontre, et des plus intimes par-dessus le marché.— Gabrielle, c’étaitDaath, celle qui ouvre le troisième voile.— Blonde avec une forte poitrine, ton troisième voile !, ne puis-je m’empêcher de lâcher amèrement. La colère remonte en moi. Je trouve très belle cette vision des rencontres et de l’évolution de la vie amoureuse en référence à l’arbre de vie. Mais je n’aime pas sa manière de jouer sur les mots. Libre à lui de ne pas me décrire comment Gabrielle l’a ensorcelé. De là à prétendre qu’il n’avait pas trompé ma mère, il y a des limites. C’est quand même à cause de cette femme que notre monde s’est écroulé. — À vrai dire, châtaine avec de très petits seins. Si ça peut donner une quelconque indication sur la profondeur de son âme…— Pourtant maman n’a rien inventé ! C’est bien ce nom qu’elle avait vu sur la liste que j’avais posée sur la table, ce nom qui a déclenché votre désunion.— D’où sors-tu cela ? Ta mère avait déjà rencontré un autre homme à ce moment. Cette histoire n’a jamais rien eu à voir avec notre séparation. Je reste abasourdie. Tout ce que j’ai vécu n’était que le fruit de mon ...