1. Origami


    Datte: 31/01/2019, Catégories: hagé, ascendant, mélo, nostalgie, portrait,

    ... dans le sens inverse, Béatrice n’a jamais eu besoin de toi à un moment ou un autre de son existence ?— Longtemps après, si. Extérieurement nous avions changé, mais c’était sans importance. Au-dedans, nous retrouvions toujours la même passion.Binah, c’est aussi elle. Ou moi pour elle, je n’en sais trop rien. Binah, l’intelligence, la conscience de ce qui met des obstacles, la compréhension de ce dont il faut se libérer pour atteindre le geste pur, puis la dernière étape, l’essence pure. Comme si les premières amours avaient pour principal objet de soigner les plus douloureuses cicatrices de la vie et du cœur. Au risque d’empêcher un partage plus élaboré, d’étouffer la découverte d’une plus complète harmonie amoureuse, dans tous les aspects de la vie. Pour cela il faut passer le troisième voile, traverserDaath, la connaissance. Je n’en suis de loin pas à ce stade. Je n’ai vécu aucune relation assez profonde pour avancer si loin dans la découverte de moi. Il n’y aurait actuellement qu’un seul homme dans mon entourage, capable de m’accompagner dans cette performance. Marié, bien entendu… Au point qu’à chaque fois que je risque de le rencontrer, j’évite de me trouver trop près de lui. Les quelques nuits que nous avons passées ensemble nous ont menés trop loin. Quel est le prix d’une telle illumination, d’un tel abandon ? Comme le vertige vécu entre les bras de cet homme avait été doux. À la mesure de la peur ressentie à l’instant de choisir de poursuivre notre découverte ou non. ...
    ... Les hommes ne sont pas les seuls à avoir peur de l’intensité d’une relation, et à anticiper des conséquences qui n’ont probablement aucune réalité. Leur en vouloir de leurs angoisses est finalement bien injuste. Daath, l’étape qui n’existe pas. Et pourtant… Laquelle des femmes de la vie de mon père était présente à ce moment ? Cela pourrait correspondre à l’époque de la rupture avec ma mère. — Carole aussi est revenue. Tu l’avais connue en même temps que Béatrice, en fait ?— J’ai cru pouvoir vivre en parallèle les deux aspects du mêmeNetzach, l’émotion et la passion. J’ai été incapable de choisir. Ce n’est que bien plus tard que j’ai réalisé que ma relation avec Carole ne nous enrichissait ni l’un ni l’autre, contrairement à celle que j’ai vécue avec Béatrice.Netzach, c’est aussi la dissipation, l’épuisement des sens.— Et maman, dans tout cela ? Voilà, c’est fait. Comme par jeu, en évoquant les étapes initiatiques, la question est tombée. Je suis moi-même surprise par la facilité avec laquelle les mots ont passé mes lèvres. Mais maintenant, s’il reste silencieux, je ne résisterai pas. Je me sens tendue comme un arc, prête à l’écouter, mais suis-je aussi prête à l’entendre qu’il y paraît ? Il ne me laisse pas le temps de me poser plus de questions. — Ta mère, elle était à la foisGeburah etHesed, la force, la rigueur et la grâce.— Alors pourquoi l’avoir trompée, si elle était si parfaite ?— C’est quoi tromper pour toi ? Pan dans l’œil ! Tromper, c’est quoi ? Avec les premiers ...
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