Origami
Datte: 31/01/2019,
Catégories:
hagé,
ascendant,
mélo,
nostalgie,
portrait,
... ou trois reprises, chaque fois décalés d’une colonne vers la droite et d’une ligne vers le bas. Un prénom trône dans la case en dessous de celle où se trouve ma mère. Un seul sur cette dernière ligne, un seul pour cette dernière tranche de vie. C’est quoi ce bazar ? Là, je sens que ma compréhension pour mon père m’abandonne, et que la colère prend le dessus. Se pourrait-il vraiment que pendant toutes ces années, ce sot ait porté sur lui une liste de ses conquêtes ? Et qu’il ait même été assez stupide pour y mentionner l’une ou l’autre des pétasses avec lesquelles il a couché après avoir connu ma mère ? Est-ce cela qu’elle avait compris en découvrant le papier ? Et moi qui porte la culpabilité de cette fatuité machiste sur les épaules depuis tout ce temps. Juste à cause d’une putain de liste de créatures, sautées de-ci de-là par cet homme immature ! Mais bon Dieu, à quoi bon en faire la liste ? Il faut vraiment avoir un esprit tordu de mec pour vouloir mettre par écrit ce qu’une mémoire défaillante ferait naturellement disparaître. Pour garder des traces de hauts faits sexuels qui s’évanouiraient à tout jamais s’ils n’étaient pas consignés sur un bout de papier plié. Elles doivent avoir fière allure aujourd’hui, les arrogantes beautés du passé, les salopes qui ont cocufié ma mère… Lamentable, c’est tout simplement lamentable. Ou alors quelque chose m’échappe. Je n’ai aucune envie de découvrir le détail de ses exploits, et encore moins de ses préférences amoureuses, mais là, ...
... il va falloir qu’il m’explique. Si ces femmes ont joué un tel rôle dans sa vie, et dans sa relation avec ma mère, je suis impliquée jusqu’au cou. J’ai trop souffert, ça donne des droits. Même sur mon père. oooOOOooo C’est à ce moment que j’appréhende le piège dans sa cruelle réalité. Par cette saleté de liste, et tout ce qu’elle représente de désirs inavoués, de coucheries et de tromperies, mon père me force à appréhender son côté viril, sexué. D’un seul coup, il fait de moi une adulte. Je ne suis plus une petite fille admirative face au géniteur intangible et tout puissant. Il me force à m’affirmer en tant que femme, assez expérimentée pour découvrir une de ses faces inconnues, celle d’un homme de chair, de sang et de plaisir. Il place ses fautes, et tout ce que je pourrais lui reprocher, en regard de ce que j’ai moi-même fait dans ma vie. D’égal à égal. Inversement, tel que je le connais, s’il a choisi ce face-à-face, c’est qu’il ne me cachera pas non plus ce qu’il peut avoir vécu de beau entre les bras de ces femmes. Et ça, je ne doute pas que cela puisse être inestimable. À cause de sa sensibilité et du regard qu’il porte sur les gens. Deux qualités dont j’ai, paraît-il, hérité, mais dont je me passerais bien lorsqu’elles font fuir les hommes dont je voudrais pouvoir m’approcher. Ou qu’elles font apparaître avec une douloureuse acuité la distance qui me sépare du corps que je découvre dans mon lit, en me réveillant après une nuit d’errance. Mon cœur bat la chamade. Dans un ...