1. Moi, Daniel, SDF


    Datte: 02/02/2019, Catégories: fh, pénétratio,

    Allongé au bord du canal, sur l’ancien chemin de halage, Daniel profite des derniers rayons de soleil de ce jour d’avril. Le printemps arrive enfin. Si les nuits sont encore fraîches, par contre le jour la température est agréable. Il est tranquille ici, personne ne vient le déranger. Il réfléchit, fait le point sur sa situation. Dans la vie, se dit-il, il y a des périodes heureuses et d’autres qui le sont moins. J’ai eu la chance de voir le jour dans un foyer uni. Certes, c’était ma mère qui prenait la plupart des décisions. Cela ne venait pas d’un caractère autoritaire, mais du fait que mon père était toujours indécis et de ce fait approuvait tout ce qu’elle proposait. Fils unique, j’étais le « petit » de ma maman, même si j’avais fêté mes vingt ans et la dépassais d’une tête. Une vie de rêve. Aucun souci à me faire, elle s’occupait de tout. Pourtant, il y a trois ans, au début des vacances, j’ai remarqué qu’elle n’avait plus le même entrain. Fatigue physique, grimaces vite effacées de son visage, je commençais à m’inquiéter. Papa n’y avait pas prêté attention. Malgré mes conseils, elle retardait sa visite chez le médecin. Un soir en rentrant, je l’ai trouvée la mine figée, le visage pâle, les yeux rougis. Devant mon insistance à connaître la raison de son malaise, elle m’avoua que le docteur lui imposait de se faire hospitaliser le plus rapidement possible pour des examens. Elle lui a obéi, a quitté la maison le lendemain et n’est jamais revenue. Maman est morte en deux ...
    ... mois, victime d’un cancer du pancréas. La rapidité de sa disparition m’a laissé totalement abattu. Papa, lui, était complètement perdu. Après cette catastrophe, nous avons survécu un an. Je terminais mes études en BTS de dessinateur. La maison, autrefois si bien rangée, se trouvait dans un désordre épouvantable. Jusqu’au jour où une voisine, au chômage et mère célibataire d’un gamin de quinze ans, s’est offerte pour mettre un peu d’ordre. Cela nous a paru la meilleure solution à papa et moi. Elle a pris la maison en main. Tout s’est retrouvé nettoyé, rangé. C’est elle qui gérait. Et naturellement, quelques temps plus tard, elle était la maîtresse de papa. Elle a emménagé chez nous avec son fils. Et après quelques mois, elle épousait papa, qui, par la même occasion, reconnaissait le fils. « Puisque l’on est frère, tout ce qui est à toi est à moi. » Mon demi-frère s’est emparé des bandes dessinées dont je faisais la collection. Il en a donné à ses copains alors que j’y tenais tant, a laissé traîner les autres qui se sont dégradées ; de même pour mes disques dont je prenais tant soin. Je me suis mis en colère, mais sa mère l’a défendu. Je m’en suis plaint à mon père mais il n’a pas réagi, elle était devenue la patronne. L’atmosphère s’est rapidement dégradée. Je ne parlais plus à cette intruse. De son côté, à mon égard, c’étaient des reproches constants : je rentrais trop tard, je ne l’écoutais pas, je ne l’aidais pas. Je protestais, demandais à mon père d’intervenir. Mais il ne ...
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