1. Moi, Daniel, SDF


    Datte: 02/02/2019, Catégories: fh, pénétratio,

    ... faisait rien. Un an a passé ; on devait fêter l’anniversaire de leur mariage. Je suis arrivé en retard au repas, ayant raté mon bus. Tous les trois autour de la table m’attendaient. J’ai eu droit aux remarques acerbes de cette femme. Elle avait mis ce jour-là, la robe que ma mère portait dans les grandes occasions et qui lui allait si bien. Et surtout, elle avait autour du cou le collier de maman qui se transmettait de génération en génération. Le coffret contenant ce bijou était la dernière chose que m’avait confiée maman avant de mourir. Il était dans ma chambre, dans un tiroir de mon bureau. Elle avait violé mon intimité. Alors là, j’ai explosé. S’en est suivi une dispute homérique, et elle m’a donné l’ordre de quitter la maison. Me tournant vers mon père, je lui ai rappelé que j’étais propriétaire de la moitié de l’appartement – héritage de ma mère – et que si quelqu’un devait partir, c’était elle. Il a bafouillé et ne m’a pas soutenu. Je me suis jeté sur elle, ai récupéré le collier. Puis je suis allé faire mes bagages et suis parti, sans oublier le carnet de Caisse d’Épargne de ma mère dont j’avais la procuration. Bien que ma mère soit décédée, j’ai pu vider le compte. Avec cet argent, j’ai loué un studio, me suis inscrit à l’ANPE. J’ai également écrit de nombreuses lettres aux entreprises avec curriculum vitae ; je n’ai reçu que très peu de réponses, toutes négatives. Le seul emploi que j’ai décroché, c’est celui de saisonnier dans un bar sur une plage. Naturellement, ...
    ... le temps passant, j’ai épuisé mon argent. Quand le propriétaire est venu encaisser le loyer du mois de février, je n’ai pu le régler. Il a tempêté, mais a attendu jusqu’à la date d’expulsion prévue par la loi pour me chasser. Dans l’immeuble, je m’étais lié d’amitié avec une vieille dame vivant toute seule, que je dépannais pour ses courses et à qui je tenais compagnie quelquefois. Elle a accepté de me servir de boîte aux lettres ; ainsi, pour elle ce serait pour elle l’occasion de recevoir une visite. Et depuis un mois, je suis Sans Domicile Fixe. J’ai repris le sac avec lequel j’avais quitté la maison. Les premières nuits ont été dures : il m’a fallu trouver un lieu pour dormir, me faire accepter dans ce milieu. Pour manger, je me suis présenté àTable pour tous, une ONG qui aide les clochards. On m’a accepté pour un jour. Après le repas, au lieu de quitter les lieux, j’ai offert mes services aux bénévoles. J’ai fait la vaisselle, le nettoyage, puis dépanné quelques bricoles. Il en est résulté de bonnes choses : je suis admis dans cette communauté, et j’ai un placard dans lequel je peux laisser mon sac. Depuis, j’y vais tous les matins à sept heures, me douche et travaille toute la journée. Je tiens toujours à avoir une tenue correcte, je prends soin de mes habits. Si je suis démuni, les bénévoles me trouvent le vêtement nécessaire parmi ceux qui leurs sont donnés. Et, ma foi, j’ai des amis, je mange, je vais régulièrement à l’ANPE ; et surtout, je rends visite à la vieille ...
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