1. Mon enfer (7)


    Datte: 07/02/2019, Catégories: Divers,

    La vie de l’ombre à la lumière 7/8 Personne ne veut vraiment écouter ce que Claude a à dire. Alors, vers qui se tourner ? Le kiosque à journaux, sur le chemin de mon bureau voit ma visite, une fois n’est pas coutume. Je prends toute une pile de quotidiens sur lesquels une femme est en photo. La gamine qui vend ces torchons ne quitte pas ma trogne des yeux. Elle se demande un court instant où elle a déjà bien pu me voir. Puis son attention est détournée par l’arrivée d’un autre client. Ainsi va la vie. Aussi vite oubliée que reconnue. J’ai mal partout ! Oh ! Ce ne sont pas des mauvaises douleurs, juste des courbatures. Mes reins ont dû résister à tellement de visites que le bas de mon dos est en compote. Mais de quoi devrais-je me plaindre ? Je peux traverser la ville la tête relevée, le paria n’a plus lieu d’être. Mon nom s’étale sur trois colonnes et les journalistes, ceux-là mêmes qui me traitaient de créature du diable ou de tueuse perverse, les mêmes qui me trainaient dans la boue, m’encensent doublement aujourd’hui. Ces faux jetons sont bien des mange-merdes ! Mélanie a un sourire que je qualifierais de jovial. Elle me fait le bisou du matin et je reprends mon poste. C’est aussi un Gino aux dents blanches, qui arbore une banane qui lui fend la bouche jusqu’aux oreilles qui passe devant moi, et s’enferme avec ma patronne dans le bureau. Je m’en contrefiche et puisqu’ils sont finalement occupés à toute autre chose, je jette un œil sur les feuilles de chou que j’ai acheté. ...
    ... Toutes sont unanimes, la police n’a pas fait du bon boulot et de tueuse sanguinaire me voici étalée en tête de toutes les unes, sur quatre colonnes, malheureuse victime d’une justice aveugle. Ils se sont tout bonnement resservis de certaines photos sur lesquels lors de mon procès j’apparais menottée. Les pourris ! Ils ne m’ont pas demandé mon avis pour publier celles-ci. Quand le téléphone sonne, une voix inconnue me demande si je veux bien lui raconter mon calvaire ! Je raccroche au nez du journaliste, en trouvant qu’il a bien vite su où me trouver. Puis c’est un infernal manège qui débute. Le bigophone n’arrête plus de sonner. Mélanie attirée par autant de coups de grelot vient enfin me voir, accompagnée de son nouveau garde du corps ! — Tu as vu ? Tu as la primeur des journaux… tu es partout ce matin. C’est pour cela que le téléphone sonne sans arrêt ? — Je crois bien, oui ! Mais je ne peux pas faire grand-chose ! — Je sais ! Tu veux leur répondre ? — Certainement pas ! Mais si ça perturbe trop le travail, je rentre chez moi ! Ils ne vont plus me lâcher. Des chiens qui rongent un os ! Dire que ce sont les mêmes qui m’ont décrite comme la salope qui avait tué son mâle… il en est même pour m’avoir comparé à une mante religieuse… tu imagines ? Alors ils peuvent crever ! Pas un mot, je ne leur dirai rien. — Fait comme tu le sens ! Mais si tu quittes le bureau, dis-le-moi. Pendant que j’y suis et pour que nous n’ayons plus à en reparler… Gino et moi sommes désormais ensemble. ...
«1234...13»