Belladone, aux vénéneuses séductions !
Datte: 08/02/2019,
Catégories:
fh,
ff,
prost,
caférestau,
Voyeur / Exhib / Nudisme
odeurs,
Oral
69,
mélo,
portrait,
policier,
bourge,
... moiteurs épaisses de l’atmosphère semblent clouer ces brumes au sol avant qu’elles ne s’effilochent en lambeaux fantomatiques. Sous cette ouate, la pierre se dissimule, glissante et gluante, puante des immondices accumulées dont l’ondée réactive les remugles. L’eau des canaux fume aussi, libérant des brouillards qui dansent au rythme des courants qu’ils occultent. Éloignés d’à peine une centaine de mètres, les bouillonnements de l’Ill et les remous des turbines des glacières paraissent amortis par la chape cotonneuse et grondent en monocordes mugissements assourdis. De rares réverbères distillent une lumière blafarde et tremblotante qui allonge des ombres insolites et vacillantes sur les façades lépreuses, y rebondit, teintant d’inquiétantes luisances bleu cobalt leur environnement sauf quand un éclat de lune rousse, filtrant entre de pesantes nuées, déchire ces nébulosités glauques de sa giclée orangée. L’odeur tenace et amère du cacao en provenance de la chocolaterie se combine aux émanations ammoniacales résultant de la macération des peaux pour composer un fumet dense et nauséabond qui stagne, faute du moindre souffle d’air. À partir de la rue du Bain-aux-Plantes, des venelles et des impasses obscures s’évanouissent entre les hautes maisons dont le squelette noir du colombage se dresse comme une menace ou un avertissement. Ces territoires d’outre-tombe paraissent, au premier abord, déserts, peu propices au foisonnement d’une vie sociale. Et puis on y distingue de rares ...
... fantômes furtifs, si fugitifs que leur réalité reste douteuse. Ils hantent les porches et se cachent sous l’assombrissement des encorbellements. Tout un peuple finalement, à proximité de la prison, s’affaire et trafique, s’occupe à de suspectes besognes. Des filles hâves et certainement phtisiques sortent d’on ne sait où, entreprenant de racoler un compère d’indigence. Plutôt vieilles et moches, leur peau blême les convertit en fanaux, en nymphes évanescentes ou en Messaline prédatrices qui adoucissent ces sombres auspices d’un halo fantasmagorique. Elles adjugent leurs charmes flétris en échange d’un godet de tord-boyaux qu’elles avaleront immédiatement après la passe. Elles ne chassent point le bourgeois qui ne se commet guère en ces parages mais l’ouvrier tanneur, le portefaix, le prolo, le vannier, leurs frères d’infortune auxquels elles s’apprêtent à offrir dix minutes d’éternité. Quelquefois une porte grinçante s’entrouvre, révélant l’entrée de l’une des nombreuses tavernes bordant la rue qui régurgite ou absorbe alors une silhouette leste, et lâche dans un éclair fauve des relents d’âcre tabagie, l’écho de conciliabules gutturaux, de rires ivrognes. La sueur englue la nuque et la tignasse hirsute de Lescroq qui, en dépit d’une chaleur à nouveau étouffante, frissonne. Ses collègues hésiteraient fort à venir se perdre ici la nuit tombée, un 14 juillet surtout, après que les esprits excités par deux jours consécutifs de repos et échauffés par la canicule ont tenté de noyer ...