1. Belladone, aux vénéneuses séductions !


    Datte: 08/02/2019, Catégories: fh, ff, prost, caférestau, Voyeur / Exhib / Nudisme odeurs, Oral 69, mélo, portrait, policier, bourge,

    ... l’incendie qui les consume, force piquette alsacienne baptisée Zwicker (3) et bocks de bière escortés du vitriol d’un kirsch frelaté. Il faut être familier des lieux pour oser s’y aventurer, même grimé en batelier. Il se demande parfois pourquoi le nombre de crimes y demeure aussi réduit. À tout prendre, il apprécie ces ambiances crépusculaires, sinistres et morbides qui ne s’accordent que trop à son caractère. Il avise trois filles qui, au bord de l’eau, attendent le client. Il s’approche d’elles, feignant d’être intéressé. Aussitôt elles s’écartent afin d’exhiber, chacune, les attributs qui la valorise le mieux. Il les examine à tour de rôle, puis, affichant son insatisfaction, tire de sa poche la photo de Marie-France en indiquant que voilà celle qu’il aurait aimé rencontrer. L’une des filles dément la connaître en secouant la tête et s’adresse à ses compagnes en leur expliquant : — Da dissi souchet a pipla bi huara ! [Ce mec cherche une poulette, une jeune fille, parmi les putes !] ce que salue un éclat de rire effronté. Un peu plus loin, dans l’auréole bleutée d’un réverbère, une gamine, maigrichonne presque, qui ne doit pas excéder les vingt-deux ans, tapine aussi. Elle ne porte, en raison de la chaleur probablement, qu’une sorte de simple chemise de nuit qui a dû être d’un blanc satiné dans un lointain passé et vire au gris sale constellé d’innombrables taches. Dès qu’elle comprend qu’il vient vers elle, elle projette son ventre en avant, relève la tunique sur sa ...
    ... jambe et ébauche un sourire mêlé à l’esquisse d’un baiser qui arrondit sa bouche en cul de poule. Sans même seulement lui laisser le temps de l’invite, Lescroq lui tend le cliché : — Tu peux me dire de qui il s’agit là ? La jeune fille n’y jette qu’un coup d’œil, et il la voit très nettement tressaillir. Dans un français dépourvu d’accent et simulant l’indifférence, elle rétorque sèchement : — Jamais vue chez nous ! Le sursaut et ce laconisme le persuadent qu’elle en sait davantage, notamment au sujet de son décès. Agitant la photo sous ses yeux, il insiste en la dévisageant. — Je suis sûr que tu sais de qui il s’agit !— Bien sûr que je la connais. Tout le monde la connaît : il n’y en a pas des masses, des bourges qui s’encanaillent dans le quartier du mal français (4). C’est une occasionnelle, une bourge, j’te dis, qui ne vient qu’une ou deux fois par semaine. T’es flic ? Leurs regards se croisent, et si lui l’observe attentivement, elle le détaille avec une embarrassante virulence. Ses magnifiques et énormes yeux verts rayonnent au fond d’orbites caves, évoquant en lui un ancien et vague souvenir qu’il ne parvient pas à se remémorer plus précisément. Elle le met si mal à l’aise qu’il frissonne à nouveau. Éludant sa question, il poursuit : — Comment l’appelez-vous ? En baissant les yeux et en tournant la tête, elle répond : — Tollkirscha [Belladone]. J’ignore cependant son vrai nom.— Et sais-tu où je puis la trouver ? Elle lui désigne une maison à deux cents mètres de là. Il lui ...
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