1. L'ange et le démon...


    Datte: 09/02/2019, Catégories: fh, amour, volupté, init,

    ... toujours pas de présentation, ni de tentative d’approche ou d’abordage. Il a fallu des circonstances étonnantes pour que nous puissions enfin faire connaissance. Un soir où je me présentais à l’entrée d’une galerie d’art de renom, pour assister au vernissage de l’exposition d’un jeune peintre dont le « Tout-Paris » s’esclaffait sur le génie. Ne voilà pas que le cerbère ose me demander mon carton d’invitation ! Un comble pour un critique d’art, connu et reconnu sauf par les services de sécurité. Et, bien évidemment, pour une fois, je l’avais oublié ! J’avais beau chercher dans toutes mes poches, dans mon agenda : pas de carton. Du moins, pas celui-ci. Et derrière moi je sentais s’accumuler et gronder la foule, dont quelques remarques acerbes m’arrivaient déjà aux oreilles. Inflexible, l’homme de la sécurité patientait, mais restait ferme à mes exhortations et à mes tentatives pour l’amadouer. Heureusement, elle est arrivée ! Avec sa démarche énergique, elle fendait la foule. Sa grande taille, sa beauté et son air décidé lui ouvraient sans un cri de protestation la file qui s’était formée derrière moi. Tandis que je continuais à chercher et farfouiller dans mes poches, désespérément vides, elle avait déjà sorti son carton et en me jetant un œil complice, m’apostrophait : — Vous avez perdu votre invitation ?— Oui… et je ne vais pas pouvoir entrer…— Ne cherchez plus, et suivez-moi… Et en s’adressant au vigile elle lui a dit, sur un ton qui n’admettait aucune réplique : — ...
    ... Monsieur est avec moi… Sur quoi, elle m’empoignait le bras et me tirait dans le sas d’entrée, bousculant au passage le ventre rebondi du vigile qui ne pouvait plus rien dire, hormis de lui adresser un magnifique et éclatant sourire et coller sa grande carcasse aux parois de l’étroite entrée. Un peu éberlué par ce sauvetage, je lui balbutiais : — Merci…— De rien. Cela fait longtemps que l’on s’aperçoit, de loin, mais nous ne nous sommes jamais présentés. Je suis Marie-Agnès, courtier en art contemporain.— Moi, je suis critique à la Dépêche et dans différents autres journaux…— Ma veine, dit-elle en rigolant, j’ai horreur des critiques d’art, ils pourrissent le marché et font monter ou descendre les cotes des peintres et de leurs tableaux aux grès de leurs humeurs généralement moroses. Si j’avais su, je vous aurais laissé à la porte… Merde ! Me voilà bien. La belle inconnue, au si joli prénom, avait une manière cassante de me rabaisser qui semblait ne supporter aucune réplique. Pourtant, en observant, un dixième de seconde ses yeux, je m’étais rendu compte que ces dernières remarques n’étaient peut-être qu’une simple plaisanterie. Aussi, en prenant mon courage à deux mains et une grande respiration, j’hésitais encore à lui répliquer quand ma bouche est allée plus vite que mon cerveau : — Ma veine à moi et ce dont j’ai horreur, c’est de me faire secourir par une très belle courtière qui va enlever à la vue du public des œuvres d’art pour les confiner chez de riches esthètes, si cette ...
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