1. Un amour naissant


    Datte: 09/02/2019, Catégories: fh, hplusag, campagne, jardin, amour, hdomine, jeu, init, prememois, initfh,

    ... trinquions à cette première soirée ensemble. J’ai apporté de Paris une bouteille que je n’ai jamais ouverte. C’est un ami chinois qui fabrique ce breuvage avec des fruits exotiques appelés litchis. Il l’appelle la liqueur de mai et cela se boit avec des framboises justement. Il déboucha la bouteille avec précaution et versa un liquide légèrement laiteux dans les verres. Puis, approchant la barquette de framboises : — Servez-vous… Claire prit un des verres, en huma le contenu qui embaumait la rose confite et, grappillant quelques framboises, elle choqua son verre contre celui de Louis. — Merci pour ce pique-nique. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas mangé ainsi avec quelqu’un.— De rien… Je n’ai qu’un vœu à formuler : que cette soirée soit le prélude d’innombrables soirées ensemble… Santé !— Santé ! Ils burent silencieusement l’élixir étrange et alternèrent avec une dégustation de framboises. Le goût sucré de rose confite et de litchis allait parfaitement avec les petits fruits. — C’est vraiment très bon et très rafraîchissant, dit Claire en reposant son verre. Ce breuvage doit plaire aussi aux parisiens, non ?— Pas vraiment, sauf peut-être dans certains cabarets. C’est là que mon ami fait le plus de recettes. Les parisiens préfèrent se saouler au whisky, au champagne, plutôt qu’avec une liqueur exotique.— Cela enivre sans doute plus vite ?— Hum, pas si sûr. Cette liqueur est traîtresse ! Mais après notre dîner, je crois pouvoir dire que nous n’avons rien à ...
    ... craindre. Je vous ressers ?— Non, pas tout de suite. Je vais vous chiper quelques cerises.— Faites. Se sont les burlats de mon père. Je n’ai pu sauver que cet arbre-là. Les autres sont morts sous le coup des gelées tardives. Claire savoura les fruits en se remémorant le jardin du maréchal-ferrant. Elle se souvenait d’une balançoire sous un cerisier en fleurs et de sa mère qui la poussait en riant. Un voile de mélancolie passa sur son visage et un soupir lourd monta, empreint de ces chagrins d’enfant dont on ne se console jamais. — Ça ne va pas ? Les cerises ne sont pas assez mûres ? Claire secoua la tête : — Non, ce n’est rien. Un peu de vague à l’âme en fin de soirée, cela m’arrive souvent. La fatigue, probablement ! Louis lui tendit les bras. — Alors, venez près de moi ! Je vais m’appuyer le dos au tronc de votre châtaignier et nous pourrons regarder ainsi plus confortablement le coucher de soleil… Je n’ai pas envie de vous voir triste. Claire sourit et s’exécuta. Une fois au creux des bras du luthier, elle se sentit apaisée. Lui savourait ce moment où elle était si proche qu’il respirait l’odeur de ses cheveux, de son cou. Il berçait doucement la jeune fille, mêlant ses doigts aux siens. Tout en regardant le soleil descendre lentement derrière la colline, il poussa un profond soupir et murmura : — Voyez-vous, c’est le genre de moment magique dont j’ai toujours rêvé… Et ce soir, vous êtes là, dans mes bras. Je suis heureux ! Claire ne répondit pas. Elle avait fermé les yeux et ...
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