Coup de foudre et de poing au bahut
Datte: 10/02/2019,
Catégories:
jeunes,
couleurs,
école,
amour,
nonéro,
exercice,
humour,
coupfoudr,
... lancé-je en fanfaronnant – pour éliminer les scories du langage vernaculaire de la région de Marrakech ? Je rajoute, changeant de sujet : — Tu sais que ce n’était pas à toi de venir t’excuser. D’ailleurs, je crois que tu as pris ma défense devant le dirlo… Ce serait plutôt à moi de te dire merci. Elle garde les yeux baissés. J’ai du mal à croiser son regard délavé… bleu banquise. D’ailleurs, j’ai remarqué qu’elle avait pour habitude de laisser des mèches lui barrer le visage comme si elle voulait dissimuler ses expressions… Un peu comme le Chaperon rouge ! Elle soupire… puis finit par lever la tête et me fixe sans détour, cette fois : — Tu sais, Éric, c’est pas le genre à s’excuser. Je l’apprécie moyennement… Il fait partie du petit cercle social de ma famille, c’est tout. Papa veut que je le ménage… Mais il se croit irrésistible, cet imbécile, ça m’agace. Je ne pense pas qu’il viendra te voir pour s’excuser, non, je pense même qu’il est capable de te chercher des noises. Tu lui as tout de même fracassé le nez ! C’est aussi pour ça que je suis venue te trouver : te prévenir, méfie-toi de lui quand tu reviendras. Ça me refroidit un peu. Si je dois affronter ce genre de phénomène, je ne crois pas que j’aurai beaucoup de supporters derrière moi. — En tout cas, quel punch ! Tu l’as pulvérisé d’un seul coup ! me dit-elle avec un vrai sourire. J’aurais jamais cru que…— J’étais capable de me défendre ?… Je fais de la boxe, j’ai pas beaucoup de mérite. Par contre, je me suis ...
... sacrément fait mal à la main (je lui montre le bandage qui protège mes articulations). Ça fait un mal de chien de frapper à main nue ! Elle écarquille ses yeux bleus qui deviennent des fjords riants sous le soleil. — Tu fais de la boxe ! s’exclame-t-elle surprise. Alors ça ne m’étonne pas que… Elle s’arrête soudain comme si elle en avait trop dit. — Que quoi ? lui demandé-je.— Rien… Je dois me tromper… Pourquoi la boxe ? me demande-t-elle, sans doute histoire de détourner la conversation.— C’est mon père. Il a décidé qu’il fallait que je sache me protéger des mauvais coups… Tu vois, ça sert ! Il est militaire… alors… On parle comme ça, une petite demi-heure ou une petite heure. On est sur la même longueur d’onde, ça se fait sans artifice, naturellement. Je me souviens pourtant avoir entendu par inadvertance des remarques désobligeantes sur elle au lycée. « Elle est cinglée cette meuf… Elle te laisse l’approcher, genre j’te kiffe… et puis la minute d’après, elle t’envoie chier ! »… « Avec elle, tu sais pas sur quel pied danser… »… « Cassandre, elle est pas bien dans sa peau… elle disjoncte comme une nympho qu’assume pas… » Je ne la reconnais pas dans ces discours de mecs en manque. Mais j’apprends que son père est vétérinaire, sa mère infirmière, qu’elle est fille unique. Milieu petit-bourgeois (elle crache ces mots !). Parents ouverts, tolérants, bien sûr – c’est dit sur un ton ironique, presque grinçant. Je vois… ? Je vois surtout qu’elle donne le change. Pas de tenues équivoques… ...