1. Coup de foudre et de poing au bahut


    Datte: 10/02/2019, Catégories: jeunes, couleurs, école, amour, nonéro, exercice, humour, coupfoudr,

    ... jouait genre pimbêche. Elle semble contente de son succès auprès des beaux mecs du lycée, ceux qui font tourner la tête des autres filles. Pourtant, elle ne m’a jamais semblé en favoriser un… ou marquer davantage d’intimité avec celui-ci ou celui-là. Elle a même tendance à en énerver certains. Mais c’est moi qu’elle est venue voir. Et elle m’a semblée beaucoup moins à l’aise. Presque gênée même. Alors, mal dans sa peau ? Intimidée ? Fragile ?… Mouais. Ce dernier adjectif me paraît étrangement bien lui aller. Je ne sais pas pourquoi… Intuition ? Sa façon un peu gauche d’arriver, de balbutier. La bougeotte sur le canapé, bougeotte qui a fini par remonter sa jupe sur ses si délicieuses gambettes !… Et puis cette façon presque compulsive qu’elle avait de frotter ses mains l’une contre l’autre… Son regard si souvent fuyant… En fin de compte, j’ai le vague sentiment qu’il y a deux Cassandre. Celle qu’elle paraît être au bahut, l’enjouée, l’étincelante, la petite reine courtisée… Et l’autre, celle que j’ai rencontrée tout à l’heure, gênée, mystérieuse, inattendue… comme la partie cachée d’un iceberg. Je ferme les yeux et la parenthèse de mes réflexions. Elle est revenue le surlendemain. Cette fois elle m’a tendu un paquet qui contenait des éclairs au chocolat et au café. — Merci !— Je te dérange ?— Sûrement pas ! On se bise. Elle entre, démarche gracieuse, plus assurée que l’autre fois. Elle a son sac en bandoulière ; elle en sort un petit dossier de photocopies qu’elle me tend. — ...
    ... Je t’ai amené des cours pour que tu puisses bosser… si t’en as envie. Les délégués ne voulaient pas se charger de cette mission. Moi, ça me fait plaisir…— C’est sympa, vraiment. Merci. Du thé ?— Oui… bien sûr… il est trop bon avec les feuilles de menthe ! On déguste les éclairs – terriblement bons –, on boit le thé en silence. On se regarde. On se sourit. Un peu de chocolat tache le blanc immaculé de ses incisives… Pas besoin de parler… Le silence n’est pas lourd. Aujourd’hui, elle porte un jean propret… adieu les belles gambettes, mais j’ai quand même remarqué qu’il moulait à ravir son très très joli postérieur. — Éric est revenu au lycée, me dit-elle. Elle s’esclaffe : Tu verrais sa tronche avec le nez enfoui sous un gros pansement blanc ! Il m’a engueulée parce que j’avais pris ta défense…— Normal, c’est un con ! Et un raciste ! Ça va de pair. J’aime bien la voir sourire. C’est comme découvrir une aurore boréale dans la banquise de ses yeux si bleus ! Je m’évertue donc à provoquer le plus souvent possible cette réaction chez elle. — Je lui ai dit d’aller se faire voir… enfin, foutre pour être plus précise. Il était en rogne. Mais il ne me fera rien, vu les relations qu’entretiennent nos familles. C’est plus pour toi que je m’inquiète… Déjà, qu’elle s’inquiète pour moi, c’est plutôt bien. — S’il veut la guerre, il l’aura. Je vais rameuter tous les potes du lycée d’en face (Je fanfaronne, bien sûr, je n’en connais aucun ! mais qui le saura ?).— Des potes ?— Disons des frères, ...
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