1. Mon meilleur ennemi


    Datte: 11/02/2019, Catégories: hh, jeunes, inconnu, campagne, amour, cérébral,

    ... donnant nos adresses, on promet de s’écrire. Pourquoi pas une rencontre, si on arrive à se faire remplacer. Je vais me coucher. Il est tard et, demain, je dois me lever tôt. En regagnant ma chambre, je pense à Romain. Je ne me fais pas d’illusions, trop loin, trop de contraintes. J’ai gagné un ami et c’est déjà pas mal. Mon pseudo m’a porté chance. oooOOOooo Le réveil sonne à cinq heures trente. Vite, un café ! La nuit a été courte. Au radar, je rejoins la cuisine. L’odeur familière chatouille mes narines. Je sors de ma léthargie, remplis une grande tasse et déguste le nectar brûlant, à petites gorgées. Il est temps de rejoindre l’étable. La traite du matin dure environ une heure. Le lait rejoint automatiquement la cuve réfrigérée. Je libère les bêtes. Elles passeront la journée au pré. Ce sont des Aubracs, une race rustique, des petites vaches à la robe brune, très résistantes et bien adaptées à la région. Mes parents m’ont traité de fou quand, à la mort de mon grand-père, j’ai repris la ferme familiale. Ils rêvaient, pour moi, d’une autre vie. Après mes études, j’ai bien tenté de travailler dans une multinationale agroalimentaire. J’ai vite compris que je n’étais pas fait pour vendre du vent, une nourriture standardisée, aseptisée, enveloppée dans un joli paquet trompeur. Je suis pourtant né à Paris. Mon père, haut fonctionnaire au ministère de l’agriculture, et ma mère, cadre dans une banque, s’y sont installés dans les années soixante-dix. J’ai passé toutes mes vacances ...
    ... chez pépé et mémé. J’y ai pris goût. Ici, dans l’Aubrac, tout est pur, lumineux. Les hivers sont rudes mais l’été est un enchantement. En spécialiste, j’ai étudié le projet. Il fallait privilégier la qualité, transformer les produits pour les vendre directement. Avec le lait de mes vaches, je fabrique un fromage local, du beurre. J’ai constitué un réseau de distribution, des fromagers, des restaurants, quelques particuliers. Grâce à Internet, je commercialise sans intermédiaire. En limitant mes frais d’exploitation, je réalise un bénéfice suffisant pour vivre confortablement. Mes parents m’ont aidé financièrement à retaper l’antique masure qui servait autrefois, en été, lors de la transhumance. J’ai ajouté une étable, une salle de traite, une fromagerie aux normes européennes. Ma grand-mère qui vit toujours a conservé la maison du village. J’utilise sa cave pour affiner les fromages. Ce matin, je dois y aller. J’en profiterai pour lui ramener des œufs, du lait et des pommes de terre que je cultive dans mon jardin. Mémé m’attend sur le pas de la porte. Elle reconnaît toujours le bruit si caractéristique de la vieille fourgonnette. C’est une femme solide, charpentée. L’ovale presque parfait de son visage rappelle celui des matrones romaines. La sévérité de ses traits s’adoucit d’un sourire dès qu’elle m’aperçoit. Elle m’embrasse et, aussitôt, elle me prévient : — Quelqu’un te cherche ?— Qui donc ?— Je ne sais pas. Il ne s’est pas présenté. Un jeune homme… Très beau. Je n’ai pas ...