Mon meilleur ennemi
Datte: 11/02/2019,
Catégories:
hh,
jeunes,
inconnu,
campagne,
amour,
cérébral,
... qu’il tente de m’imposer. Pour le reste, le cœur du débat, je ne pactise pas avec l’ennemi. Je retrouve un peu de lucidité pour lui asséner froidement : — Nous n’avons plus rien à nous dire. Mes occupations m’attendent, les vôtres aussi certainement. Au revoir, Monsieur !— Je ne comprends pas votre refus. Mais je ne désire pas vous importuner plus longuement. Je vous souhaite un bon après midi. Sa mine déconfite, son regard de chien battu me feraient presque revenir sur ma décision. Pourtant, je le laisse s’éloigner. J’attends qu’il quitte les lieux pour sortir de la fourgonnette. J’en oublie ma sieste. Il faut que je me vide la tête. J’entreprends de couper du bois. Je me défoule pour le sortir de mes pensées. Rien n’y fait. Le soir, quand je m’assois dans mon fauteuil, les images défilent. Elles deviennent obsédantes. J’ai dû m’assoupir quelques minutes. J’ouvre les yeux. Il est là devant moi. Je me pince mais ce n’est pas un rêve. C’est bien lui. Je bondis. Comment est-il entré ? Comment a-t-il osé ? Je hurle, hors de moi : — Quel culot ! Barrez-vous ou je ne réponds plus de ma colère ! Vous êtes chez moi ici, vous n’avez rien à y faire !— Nicolas ! Permettez que je vous appelle Nicolas, nous avons presque le même âge. J’ai frappé mais vous ne répondiez pas. La porte était ouverte. Je me suis permis d’entrer. Il fallait absolument que je vous revoie. J’ai parcouru plus de 600 kilomètres, depuis Paris, pour vous rencontrer. Laissez-moi une chance. Sa voix est douce, elle ...
... implore. Je suis anéanti. Je me sens tout à coup ridicule. Il paraît si fragile que j’ai envie de le bercer dans mes bras comme un enfant. Je l’invite à s’asseoir. Je lui propose quelque chose à boire. Il veut bien un café. Quand je reviens avec mon plateau, je l’entends toussoter. Il est nerveux, mal à l’aise. Il prend une grande respiration avant de déclarer : — Notre société envisage de commercialiser vos fromages. Nous lançons une gamme de produits du terroir. Nous connaissons votre réputation. Nous sommes prêts à vous offrir beaucoup d’argent pour obtenir l’exclusivité.— Olivier, on vous a mal renseigné. Je connais tout cela depuis longtemps. Votre entreprise surfe sur la vague écolo. Le retour à la nature, c’est tendance. Je trouve ces pratiques profondément malhonnêtes. Je ne veux pas me prêter à ces jeux pervers. Je ne suis pas à vendre !— Ces scrupules vous honorent. Mais avez-vous pensé qu’ainsi vous toucheriez une clientèle plus large ?— C’est impossible. Ma production est réduite, ce qui garantit sa qualité. Dans vos grandes surfaces, elle servira d’alibi pour écouler le tout venant.— Vous êtes élitiste.— Absolument pas. On peut trouver mes fromages, mon beurre, à un prix raisonnable, sur les marchés de la région. Ailleurs, c’est plus cher à cause du transport. Dans vos rayons, il en sera de même et il faudra y ajouter la marge bénéficiaire. C’est vous, ou du moins votre enseigne, qui versez dans l’élitisme. Je ne vous assimile pas, Olivier, à ces gens là.— Je vous ...