1. Mon meilleur ennemi


    Datte: 11/02/2019, Catégories: hh, jeunes, inconnu, campagne, amour, cérébral,

    ... voulu paraître indiscrète. Ma grand-mère a toujours su que j’étais homo. Elle n’a pas été surprise, lorsque, l’été de mes seize ans, je l’ai annoncé à toute la famille réunie. Sa sérénité a aidé les autres à m’accepter comme je suis. Je pose mes paniers sur la table de la cuisine. Elle commence à ranger leur contenu et me demande : — Tu restes déjeuner ? Je vais faire l’aligot.— Oui, comme d’habitude. Je descends m’occuper de mes fromages.— Ne t’inquiète pas. Tout se passe bien. La cave est bonne. Tu prendras l’argent dans la soupière sur le buffet. J’ai bien vendu, au marché, samedi.— Mémé, les marchés, ce n’est plus de ton âge !— Allez ! Allez ! Je suis vaillante et Martine s’est proposée pour m’emmener. Au moins, je vois du monde et ça me fait plaisir de t’aider. Tu es tellement occupé… Ce jeune homme, tu le connais ?— Pas du tout ! Je n’ai fait aucune rencontre ces derniers temps.— Mon pauvre, tu es bien seul ! Il te faudrait un compagnon.— Je suis bien d’accord. Ça n’est pas facile ! Je m’éclipse et rejoins la cave. Qui peut bien vouloir me voir ? Je suis intrigué. J’ai bien quelques amis mais mémé les connaît. Elle me l’aurait dit. Je termine mon inspection, installe sur les claies les fromages que j’ai fabriqués la semaine dernière. Je remonte pour partager l’aligot. Ma grand-mère sait me faire plaisir. Après ce plantureux repas, j’aspire à une bonne sieste réparatrice. Je rentre au hameau, toujours préoccupé par cet inconnu qui me cherche. Quand j’arrive chez moi, je ...
    ... suis vite renseigné. Une voiture marquée du logo d’une grande marque de distribution est garée dans la cour. Je comprends enfin. Voilà des semaines que je reçois des lettres, des courriels, des messages sur mon répondeur émanant de cette grande marque et auxquels je n’accorde aucune attention. Je déchire, j’efface. Je ne me donne même pas la peine de répondre. Dès que je coupe le moteur, je le vois sortir de son véhicule. Il s’approche lentement, se penche à ma portière. Il m’interpelle : — Monsieur Renaud ? Dieu, qu’il est beau ! Ses cheveux bouclés, aussi blonds que les miens sont bruns, encadrent un visage aux traits réguliers, illuminé par de grands yeux bleus. Le nez fin surmonte une bouche dont les lèvres sensuelles évoquent un fruit mûr. Il est vêtu d’un élégant costume qui souligne sa silhouette élancée. Je suis subjugué. Je peine à répondre : — C’est bien moi. Et vous, qui êtes-vous ?— Olivier Berrin, je représente la société X. Nous vous avons contacté depuis quelques semaines. Je suis ici pour discuter, avec vous, de nos propositions.— Vous perdez votre temps, vos offres ne m’intéressent pas ! J’articule difficilement cette réponse. Je voudrais être ferme, péremptoire. La seule chose qui est ferme, à ce moment, c’est mon sexe qui durcit face à ce bel archange. Il revient à la charge : — Écoutez au moins nos arguments. Des arguments, il n’en manque pas ! À commencer par son sourire, son charme qui commence à m’enivrer… Mais ce n’est pas là l’objet de la discussion ...