1. Jeux de miroirs


    Datte: 13/02/2019, Catégories: sf, fantastiqu, merveilleu, fantastiq, merveille,

    ... demain nous parlerons encore. Pour l’heure, j’écris, j’écris pour apaiser la fièvre qui m’empêcherait de trouver le sommeil. Marie-José dort, roulée en boule sur le lit. Donc, voici ce que j’ai pu comprendre. Les Territoires, c’est une très vieille histoire. Depuis les temps les plus reculés, certains hommes, certaines femmes possédant des capacités particulières, peut-être héréditaires ou peut-être pas, ont détenu, par héritage culturel ou par découverte personnelle, les méthodes permettant d’accéder aux Territoires, à cet autre côté du miroir. Danses violentes, transes, jeûnes prolongées, drogues hallucinogènes, les méthodes sont multiples. Et depuis la nuit des temps, ces portes ouvertes sur Saint-Quelque-Part-d’Ailleurs ont modelé le destin des hommes. Le jour où ce secret deviendra public, les historiens devront revoir leurs copies et opter pour une Histoire « ouverte », acausale. En fait, ce sera la fin de l’Histoire telle qu’elle peut exister. L’Effet Miroir, dit Marie-José. Elle prend l’image d’un palais des miroirs : reflets de reflets de reflets, multipliés à l’infini, déformés, dédoublés. Chacun des Territoires, et le nombre en est infini, étant tout à la fois l’original et le reflet. L’écrasement d’une mouche ici peut devenir dans les Territoires le massacre de toute une population ; miroir grossissant, choc en retour. Tout se répète dans tout, tout s’influence : nos actes, nos paroles, nos pensées. Et nous subissons l’Effet Miroir de ce qui a lieu à ...
    ... Saint-Quelque-Part-d’Ailleurs, reflets, symboles déformés d’événements dont nous ne saurons jamais rien. Je me suis endormi au lever du jour. Mauvais sommeil, peuplé de rêves incohérents dont l’un me poursuit avec une intensité si singulière que je vais essayer de le coucher sur le papier. Dans ce rêve, comme cela se produit parfois, je suis tout à la fois moi-même, observateur des événements et un autre dont j’ignore le nom. Je partage son épuisement. La poursuite dure depuis des jours. Ils sont de plus en plus nombreux. Je distingue mal ces poursuivants car toute cette poursuite, bizarrement, s’est déroulée dans l’obscurité. Le pays sans soleil. Est-ce mon imagination qui vient de me souffler ce nom ou me vient-il de… l’autre ? Mais je déraille, bien sûr : cet autre n’existe pas, il n’est qu’un personnage de mon rêve. Il comprend qu’il ne leur échappera pas et il se résout à l’ultime manœuvre qui peut encore lui permettre de leur échapper ; en le jetant peut-être dans des périls plus grands encore mais comment savoir ? Il ferme les yeux, les ouvre à nouveau. Le paysage a changé. Grand jour, des soldats, des ordres jetés d’une voix forte, une brève poursuite. Je me suis endormi à nouveau. À nouveau ce rêve. J’étais lui, j’étais moi. Je crois que l’homme de mon rêve n’est autre que Jacques Roll. Il dort, des hommes entrent silencieusement dans la pièce où il repose et le secouent, il ouvre les yeux et se souvient qu’ils viennent le conduire à la mort. Il tente de retourner dans les ...
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