Jeux de miroirs
Datte: 13/02/2019,
Catégories:
sf,
fantastiqu,
merveilleu,
fantastiq,
merveille,
... Manuel poursuit son récit avec l’arrivée de Luitons qui mettent en fuite les Kobolds. Pour ce que je peux en comprendre, ces Luitons sont des sortes de nains, comme les Kobolds. Mais eux sont majoritairement du côté de Jacques Roll alors que les Kobolds soutiennent Pieyre. Je ne pose même plus de questions, tel un mauvais élève qui, se sachant irrémédiablement « largué », s’acagnarde dans son coin en attendant que cela se passe. — Où te conduisent les Luitons ? demande Marie-José.— Nous marchons au milieu des grands arbres et d’un seul coup nous débouchons dans un vaste espace dégagé. Au centre, se dresse une haute levée de terre couronnée de ronces. Il y a un couloir… Il s’enfonce dans ce tertre. Je dois y entrer de biais. Mes joues frottent contre les blocs de granit empilés qui servent à contenir la terre. Pourquoi n’ai-je pas peur ? Je déteste les espaces étroits. Je progresse pourtant sans crainte. J’ai à peine assez d’espace pour respirer.— Et ensuite, Manuel ?— Une cuisine immense, voûtée, où flambe un feu digne de l’enfer. Des planchers divisent cette pièce en plusieurs niveaux, une foule mal distincte dans la pénombre occupe les tables et dîne en parlant dans une langue inconnue. C’est vraiment un drôle d’endroit : selon que l’on se place ici ou là, la pièce n’est plus la même, des étages apparaissent ou disparaissent, la voûte s’élève ou s’abaisse. Même le temps y a ses propres lois. Il y a des « instants lourds » et des « instants légers ». Dans la salle il y a ...
... une pendule mais elle n’a plus d’aiguilles. Quand je la montre à Bérénice, elle se met à rire et elle me dit que c’est exprès : on les a enlevées. « Ce serait bien trop dangereux, si elles repartaient. Tu imagines ? »— Tu as des nouvelles de papa ?— Il est dans les Territoires, me dit Bérénice, mais les Kobolds lui mènent la vie dure car Pieyre veut régner sans partage sur Point Zéro s’il le trouve jamais. Encore Point Zéro. De quoi peut-il bien s’agir ? — Et ensuite, Manuel ?— Les Luitons m’accompagnent sur le chemin du retour. Mais les Kobolds nous tombent dessus et ils sont nombreux ! Ils me soulèvent et ils partent au grand galop, me jetant de l’un à l’autre avec de grands cris. « Le fils de l’autre on va en prendre soin avec sa peur du vide. Il a peur du vide. Il faut imaginer, jeune Manuel, un grand vide avec les vagues en dessous et le ciel comme couvercle. Le Trou du Diable, c’est un beau nom, il l’imagine » Ils me jettent si violemment que mes dents claquent à grand bruit et soudain, là, je vois… La voix de Manuel est partie crescendo au cours des dernières secondes. Il se redresse dans le fauteuil, s’agrippe au cou de Lourdès qui pleure en répétant « Mon petit ! Mon petit » Plus tard, Manuel endormi, j’interroge Marie-José. Je n’y tiens plus, je veux savoir. Et c’est le début d’une longue conversation qui nous a entraînés jusqu’à l’aube et dont je vais tenter de résumer ici l’essentiel. Il subsiste encore bien des zones d’ombre, bien des lacunes dans tout cela mais ...