1. Jeux de miroirs


    Datte: 13/02/2019, Catégories: sf, fantastiqu, merveilleu, fantastiq, merveille,

    ... pratiquement dans les mêmes termes, je crois. Je crois avoir noté cela dans ce journal. Le je ne sais plus combien juin Quelque trois jours ont passé depuis mon arrivée à Guanahani. Trois jours, ou plus ou moins, de fièvre et de rêves incohérents. J’avais vraiment atteint le bout de ma route lorsque Santos, me portant en travers de ses épaules, a poussé la porte et jeté de sa voix chantante : — Eh, Lourdès !… Lourdès, mon petit canard, viens voir un peu ce que je ramène de Port Blanc !… Lourdès. Aussi brune de peau que son époux, aussi fine qu’il est massif. Pendant trois jours elle m’a gavé de jus de légumes et d’alcool, un remède de son pays. Je leur dois la vie : au Brésil, à ce remède, à Lourdès. Lourdès au lent sourire. Tout à l’heure, Marie-José, ma « petite demi-sœur » est venue me voir. Vive et légère, le teint mat, des yeux immenses qui lui dévorent le visage. Parler a épuisé le peu de forces dont je dispose. Je vais dormir. En début d’après-midi. Un zombie, un mort vivant. Malgré que Marie-José m’ait prévenu de ce qui m’attendait, le spectacle est difficile à supporter. Avachi dans un fauteuil, bras et jambes abandonnés, la tête renversée en arrière, Manuel fixe le plafond d’un œil atone. Lourdès, agenouillée près de lui, tente de capter son attention en lui parlant à l’oreille. Les yeux basculent, son regard m’enveloppe un bref instant. A-t-il seulement conscience d’une présence ? Déjà la minuscule flamme d’intelligence est éteinte. À nouveau cette vacuité de ...
    ... l’œil qui me donnerait des envies de gifles pour obtenir au moins une réaction. Les réflexes professionnels prennent le dessus, heureusement : je vérifie les réflexes pupillaires, je prends son pouls, pince la peau. Il réagit à la douleur, ses yeux suivent mes mouvements dans son espace. À Port Tudy, le même jour. Le docteur Ventre exerce à Groix depuis vingt-cinq ans, c’est dire s’il connaît chaque membre de la communauté. Il en a mis au monde une bonne partie. Dont Manuel, bien sûr. Il se montre ravi de rencontrer un confrère, même si le confrère en question n’est encore qu’étudiant en seconde année. Il me fait les honneurs de son jardin, nous parlons. — Un accident bizarre. Vous m’objecterez, mon cher confrère, que les accidents sont toujours bizarres mais celui-ci est toujours resté enveloppé d’une agaçante chape d’obscurité. Comment, pourquoi, par quelle fantaisie insensée un enfant souffrant de la phobie du vide, sujet à un vertige maladif, serait-il allé « crapahuter » parmi les rochers du Trou du Diable, huit ou dix mètres au-dessus des vagues ? Expliquez-moi cela si vous le pouvez ? Quant à imaginer une chute qui aurait projeté Manuel sur cette étroite corniche où Jean Sabert l’a découvert, l’hypothèse ne tient pas. J’ai examiné l’enfant lorsque, non sans peine, Santos l’a ramené sur la falaise : pas l’ombre d’une contusion, pas une égratignure.— Pour vous, l’explication de son actuelle prostration…— … est de nature psychologique, cela ne fait pas le moindre doute. Vous ...
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