1. La fin du Vladimir Monomaque


    Datte: 28/02/2019, Catégories: h, fhhh, bateau, Masturbation mélo,

    C’est une belle journée de mai ; le ciel est clair, la température presque estivale en dépit de l’heure matinale. Caro s’arrête au kiosque à journaux avant de rejoindre le bureau. Le gérant la salue. — Bonjour Mamzelle. La Mamzelle répond d’un sourire, prend un exemplaire duSud-Ouest, paye, s’attarde encore, le temps de parcourir les gros titres des autres quotidiens et hebdomadaires. Un sujet l’intéresse : leVladimir Monomaque, un navire cargo qui fait le buzz à Bordeaux. Comme attendu, le cargo fait la une de la presse régionale. Un journaliste titre son article à l’instar du livre de Bernard Clavel : « Cargo pour l’enfer ! » exaltant le côté dramatique de l’information. Caro se souvient avoir lu ce bouquin, publié en des temps immémoriaux, avant qu’elle ne vienne au monde. L’auteur lédonien y raconte l’épopée tragique duGabbiano, malencontreusement transformé en bateau poubelle dont personne ne veut. Dans l’histoire de Bernard Clavel, le navire refoulé par tous les ports finit par sombrer corps et bien en mer d’Irlande, non loin de l’île de Man. Le sort duVladimir Monomaque est cependant plus enviable. Le cargo a finalement trouvé refuge, à l’abri des colères de l’océan, le long d’un quai dans un recoin oublié du port de Bordeaux. Cela n’est pas allé sans réticences ni atermoiements de toutes sortes avant que les autorités ne se décident à autoriser l’importun. Elles l’ont parqué comme un paria, dans un emplacement discret et désert, éloigné des principales zones ...
    ... d’activités. Ce choix n’était pas exempt de risques, car le tirant d’eau y est à peine suffisant. Ce n’était pourtant pas que la place manque : les installations portuaires s’étirent sur plus de 100 km le long de la Gironde, et occupent plus de 1 500 hectares ; c’est dire le potentiel, mais le nouveau venu n’est pas le bienvenu. Qui est donc cet intrus ? Un cargo de 2 500 tonneaux, 157 mètres de longueur, 20 000 tonnes de port en lourd et 20 ans d’âge. Ce n’est pas un gros bateau, mais ce n’est pas un petit non plus. L’armateur du navire est introuvable ; il a pris la poudre d’escampette, incapable de faire face à ses obligations. Il s’est auparavant débrouillé pour refiler la patate chaude à d’autres, lesquels, leurrés, ont pris la relève sans trop regarder, croyant faire main basse sur une opportunité, jusqu’à ce qu’ils déchantent et se défilent à leur tour, ajoutant au passage un peu plus de confusion dans un dossier déjà pas mal embrouillé. En définitive on ne sait plus qui est le propriétaire du navire. Faute d’interlocuteurs dûment accrédités, les autorités sont démunies. La saisie et la mise aux enchères du bâtiment ont été envisagées, mais le navire en lui-même n’a pas grande valeur. Le produit de sa vente ne couvrirait pas même les frais pour seulement se débarrasser de la cargaison, essentiellement composée de déchets à retraiter. L’affaire est carrément du genre à vous couper les bras et les couilles avec, pour peu qu’on en ait. Quelqu’un doit payer, et comme toujours quand ...
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