J'en dois une à Marie-Jeanne (1)
Datte: 20/03/2019,
Catégories:
Divers,
Ça fait que j’étais allé chez Patrick « le Maque » ce jour-là pour m’acheter de la poudre. Pat le Maque, il reste dans Saint-Arnaud, sur la 18e avenue - juste entre d’Anjou puis de Bourgogne. Ça fait un peu loin à marcher, mais ça vaut la peine : c’est la meilleure poudre en ville. Pas de soda, pas de farine, pas d’ammoniac, pas de petits morceaux de vitre; Pat le Maque vend juste de la pure. Le seul problème, c’est qu’à chaque fois que tu vas lui acheter quelque chose, il essaie de te vendre une fille en même temps. Moi, la vente sous pression, je suis pas capable. Puis comme de fait, en arrivant chez Pat le Maque il y avait une fille à moitié toute nue assise sur son divan : une rousse avec des grosses boules. Elle avait juste une camisole puis une jupe courte, pas de brassière en-dessous de sa camisole, puis probablement pas de bobettes en-dessous de sa jupe non plus. Mais ça, je m’en torchais; j’étais pas là pour ça. Je m’étais même préparé mentalement en montant les escaliers : quand Pat allait se mettre à parler de ses putes, j’allais lui dire tout de suite que j’étais pas intéressé puis on allait changer de sujet. Sauf que c’est drôle : il a même pas essayé de me la vendre, la fille sur le divan. Sur le coup, j’étais un peu insulté. Est-ce qu’il pensait que j’avais pas les moyens de me payer une de ses guidounes, Pat le Maque ? Ou bien est-ce qu’il me prenait pour une tapette ? C’est pas des manières de traiter ses clients ! Mais après ça, j’ai remarqué que la fille ...
... avait les deux pieds sur la table à café, l’air bien confortable, comme si elle avait été chez elle, puis j’ai fini par comprendre que cette fille-là était pas à vendre. C’était peut-être sa blonde, à Pat, ou bien sa soeur. Ou peut-être sa cousine. En tout cas c’était sûrement pas la femme de ménage, parce que c’était à l’envers en tabarnac dans cet appartement-là ! Il y avait des cendriers, des bouteilles vides puis du linge sale par terre. Il y avait une pile de boîtes de pizza haute de même sur la T.V. puis des restants de mets chinois par-dessus. Il y avait une flaque de je veux pas savoir quoi dans un coin. Puis ça sentait le calvaire comme je peux pas vous dire ! C’est pas étonnant que Pat le Maque coupe pas sa poudre avec du détergent : il a pas l’air de savoir que ça existe, le détergent. — Je vais t’en prendre pour cinquante piasses, que je lui dis. — Peux-tu me donner une vingtaine de minutes ? qu’il me demande. Il faut que j’aille me faire des réserves. — Comment ça, des réserves ? On s’est parlé au téléphone il y a pas une heure. Tu m’as dit de m’en venir. — Oui mais après ça il y a deux clients qui sont passés puis ils ont tout acheté qu’est-c’est que j’avais. — T’aurais pu m’en garder un peu, quand même. — C’était du monde de Val-Guérin. Au prix qu’ils payaient, je leur aurait vendu ma mère ! (Donc la rousse aux grosses boules c’était pas la mère à Pat le Maque; ça me faisait déjà un indice...) — Qu’est-c’est que je vais faire en attendant ? que je lui demande. — ...