1. retour de vacances (1)


    Datte: 19/08/2017, Catégories: Divers,

    ... le parking vers la lumière de la boutique. Philippe se garait au bout du parking pour pouvoir se dégourdir les jambes. On marchait sans mot dire, côte à côte, en profitant de la douceur de l’air. Les vacances avaient été un vrai plaisir, ensoleillées et reposantes, et je revenais détendue. C’est idiot, mais j’étais en train de goûter la transition, avant l’air parisien, déjà empreinte de nostalgie d’une part et voulant encore en profiter un peu d’autre part. Juste en remontant un parking mal éclairé, sur une aire d’autoroute, dans une campagne française en été. En approchant du bâtiment, il m’a enlacé les épaules. On avait bien roulés, il n’y avait personne, et on serait à Paris dans deux heures. La lumière crue aux néons de la boutique m’a agressée en entrant, et sa fraîcheur frissonner mes bras nus. On l’a traversée, il a pris vers les hommes et moi les femmes. Après m’être rafraîchie, je suis allée faire de la monnaie pour les cafés, je me suis mise devant une machine, et comme il n’était pas encore revenu, j’ai commandé un thé au citron pour moi. C’est du thé lyophilisé, il n’a rien à voir avec celui qu’on se fait, mais c’était la seule chose, çà ou le potage, qui me faisait un tant soit peu envie. Je sélectionne sans sucre et le robot se met en branle avec un sifflement aigu. Le voici qui arrive, je m’avance vers lui avec mes pièces au bout des doigts : « Je ne savais pas ce que tu voulais… ». Il me dit qu’il veut un café court, sans sucre, comme d’habitude, pendant ...
    ... que la machine finit de servir mon thé dans un chuintement. En me penchant pour retirer le gobelet, avant de remettre des pièces, je l’ai senti, juste derrière moi. Il était à la machine à côté, et je n’avais pas prêté attention à lui, pas davantage qu’aux quelques voyageurs épars qui faisaient halte ici, comme nous, le temps d’un plein, d’un pipi, d’un café. Quand je dis que je l’ai senti, ce n’était pas seulement une odeur, c’était une présence. A tel point que je n’ai pas osé me retourner. J’ai marqué un temps d’arrêt, et tout mon corps a trembloté, j’ai eu l’impression. J’ai essayé de me maîtriser, je me suis redressée avec mon thé dans une main, et j’ai distraitement tendu à Philippe les pièces que j’avais dans l’autre. A-t-il remarqué mon absence ? L’avait il reconnu ? Il m’a regardée en prenant les pièces dans ma paume, et moi, je sentais l’autre dans mon dos, j’essayais de le voir dans le reflet de ses prunelles. Un frisson me courait dans le dos, des genoux jusqu’aux coudes, et je sentais une grande chaleur qui irradiait. Philippe enfilait les pièces, comme de rien, et puis il a choisi le bouton à presser, et puis la machine a recommencé à chanter, et puis je me disais qu’il ne pouvait pas l’avoir reconnu. J’allais trahir ce délicieux moment secret si je restais là face à lui, alors, brusquement, je me suis éloignée vers l’entrée sans me retourner et je suis sortie, et toujours sans me retourner, je suis sortie de la lumière de la piste. J’ai eu l’impression que son ...
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