1. CANTON, 1949


    Datte: 27/03/2019, Catégories: fh, couleurs, asie, humilié(e), chantage, Voyeur / Exhib / Nudisme init, fsoumisah,

    ... rappela. Mais : — Pardonnez-moi, dit-elle, revenue et honteuse.— Taisez-vous, et la main la reprit. Vous aimez l’amour, vous aussi, alors vous ne pourrez que l’aimer toujours davantage. Muriel n’entendait plus qu’à peine. Elle comprenait qu’elle avait définitivement quitté la plantation et n’irait plus maintenant que vers la folie et la fureur. Elle abandonna toute pudeur. Yolande lui tira des éclats de plaisir inouïs. Ils laissèrent la voiture devant leMajestic. C’était une immense salle, pleine de monde, de fumées, de musique et de bruit. Une centaine de personnes dansait dans une fosse entourée d’un balcon circulaire qui portait les tables destinées aux repas. Sur un geste d’un groom local, ils traversèrent tout ce monde d’hommes et de femmes usés de gaieté exagérée, en tenues de soirée au luxe trop marqué. Toute la colonie blanche de Canton et, voyageurs de commerce, planteurs venus à la ville, fournisseurs de passage. Dans une fête trop excitée et trop pressée. Ils arrivèrent aux tables de jeux. Il y régnait une tension, de celle qui précède les meurtres ou les attentats. On y sentait la peur, l’instinct farouche. Un homme, un chinois, énorme, impressionnant dirigeait le jeu. Muriel comprit que c’était Chang. Derrière le visage massif, impavide, tranché d’un sourire figé et glacial, on devinait une autorité sans mélange. Son costume semblait de pure concession à quelque aménité sociale tant il allait mal à ce corps plein d’une force de bête. —Si cet homme décide de nous ...
    ... sauver, pensa Muriel,cela se fera. Et elle regardait ses mains potelées, lisses comme de la porcelaine et les fuseaux des doigts qui tiraient les cartes avec une prestesse de caresse insolente et qui jouaient de l’angoisse de tous ces joueurs avides et dépravés par la lubricité de l’argent. Chang sembla reconnaître enfin les solliciteurs. Il regarda même Yolande longuement. Il mit fin à la partie et sans ménagement se retira. Il vint vers eux quatre. Pendant qu’ils s’asseyaient, Chang sembla découvrir Muriel. Yolande ne s’était pas rapprochée de la table et regardait la salle. Chang ne les avait pas laissé s’étendre sur des explications ou des justifications. Ne voulant rien savoir des garanties, il avait établi des chèques. Et depuis, les hommes couraient apaiser les créanciers, arrêter les mains-mises, débloquer des fournitures. Muriel profitait de cette indépendance pour faire un peu de tourisme et beaucoup de lèche-vitrines dans les rues de Canton. D’autant plus indépendante que, depuis le matin de leur visite auMajestic – trois jours maintenant – Yolande n’avait pas reparu. Bertrand ne semblait pas y donner d’inquiétude et Muriel en avait pris son parti. Un après-midi, Muriel crut apercevoir Yolande : elle vit passer son visage derrière les vitres d’une grosse limousine qui descendait la rue principale. Mais était-ce bien Yolande, ce visage hâve, cette bouche de sang et ses yeux agrandis qui s’étaient posés sur elle et étaient restés éteints ? Muriel avait bien reconnu ...
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