1. La nouvelle année


    Datte: 30/03/2019, Catégories: nonéro, portrait,

    ... parviens pas à m’engager. La plupart des couples que j’observe, chaque fois que l’occasion m’en est offerte, ressemble à ce que j’appelle des « couples béquilles ». Chacun des membres du couple compte sur l’autre pour atténuer ou compenser ses faiblesses. Ils s’appuient l’un sur l’autre, comme sur des béquilles. J’ai souvent remarqué ce comportement. Et moi, je ne veux pas d’un couple béquille. Un véritable couple, pour moi, c’est l’union de deux personnes autonomes qui savent vivre seules avant de vivre ensemble, qui se sont choisies librement pour partager ce qu’ils sont. Mais ils n’ont pas « besoin » l’un de l’autre. En quelque sorte 1 + 1 = 2 et non pas ½ + ½ = 1. Ainsi, par exemple, il me semble que Mathieu et Fabrice qui manquent de confiance en eux ont trouvé dans leur couple l’équilibre nécessaire à leur bien-être. Les femmes, très souvent, voient les hommes comme de grands enfants. Ce qu’ils sont, la plupart du temps. Et donc, elles ont tendance à les materner plus ou moins. Et souvent je m’aperçois que cela plaît aux mecs. En fait, les femmes protègent les hommes et non l’inverse. Comme disait Saint-John Perse, « L’homme sans rivage, près de la femme, riveraine ». Comprenez-moi bien, les gars ! Il s’agit d’observations et non pas de jugements. Je n’ai rien contre ce que j’appelle les couples-béquilles. Ce n’est pas péjoratif. J’en comprends la nécessité. Je n’en veux pas pour moi, c’est tout, et je crois bien que c’est pour cela que je suis encore célibataire…— ...
    ... Toujours aussi compliqué, le Jacques ! Toujours à couper les cheveux en quatre ! Pourtant, pour reprendre ton exemple, poursuivit Hervé, Mathieu est solide, comme je disais tout à l’heure et il a épousé, je pense, une femme solide. Tu dois être d’accord avec moi, car tu n’as rien objecté tout à l’heure. Ce que tu n’aurais pas manqué de faire, j’en suis sûr, si tu n’avais pas été d’accord. Donc, ils n’ont pas « besoin » l’un de l’autre au sens où tu l’entendais.— Oui. Je suis d’accord avec ce que tu as dit de Matthieu et de son couple. Mais la solidité de Mathieu est également une protection contre ce qu’il sait – ou subodore – de sa fragilité. Pourquoi n’apprécie-t-il pas les aventures féminines ? Parce qu’il ne sait pas « jouer » avec les sentiments. Parce qu’il ne sait pas tricher, se donner à moitié. Je crois qu’il a toujours eu peur d’une déception sentimentale qui lui aurait fait trop de mal. L’amour et l’amitié sont choses trop importantes pour lui. Ce qui, pour un autre, ne serait qu’un chagrin d’amour de plus, serait pour lui une véritable déchirure. Il le sait très bien, même s’il ne l’analyse pas. Et il le craint par-dessus tout. Donc, pour se protéger d’une telle éventualité, il a choisi une épouse, comme tu dis, « solide » également, c’est-à-dire, comme lui, authentique et en qui il a toute confiance. Parce qu’il « sent » qu’elle ne le décevra pas. Et c’est très bien ainsi. Encore une fois, je ne parlais tout à l’heure que pour moi-même. Mathieu, comme à son habitude ...
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